Dans la collection polar et thriller de Robert Laffont, "LA BÊTE NOIRE", voici un nouveau titre qui va je crois s'inscrire dans ma liste spéciale des livres "à relire", tant le contenu mérite, une fois que l'on est venu à bout de l'intrigue, une nouvelle lecture plus approfondie, des lieux, des hommes qui y vivent, et de leurs us et coutumes.
Voici donc un livre de Cédric Bannel, qui veut nous faire connaître cet Afghanistan qu'il pratique et qu'il aime. Dans BAAD, il va tenter de nous l'expliquer.
Quatrième de couverture :
« BAAD » : Homme mauvais, violent, cruel avec les femmes.
BARBARIE : Des jolies petites filles, vêtues de tenues d'apparat, apprêtées pour des noces de sang.
ABOMINATION : Deux femmes, deux mères. À Kaboul, Nahid se bat pour empêcher le mariage de sa fille, dix ans, avec un riche Occidental. À Paris, les enfants de Nicole, ex-agent des services secrets, ont été enlevés. Pour les récupérer, elle doit retrouver un chimiste en fuite, inventeur d'une nouvelle drogue de synthèse.
AFFRONTEMENT : Il se croit protégé par ses réseaux et sa fortune, par l'impunité qui règne en Afghanistan. Mais il reste encore dans ce pays des policiers déterminés à rendre la justice, comme l'incorruptible chef de la brigade criminelle, le qomaandaan Kandar.
DÉFLAGRATION : Nicole et Nahid aiguisent leurs armes. Pour triompher, elles mentiront, tortureront et tueront. Car une mère aimante est une lionne qui peut se faire bourreau.
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Sujet :
A l’heure de la mondialisation de l’économie, avec l’Internet et les moyens de communication ultra sophistiqués, qu’importent les distances. Que l’on soit à Paris, ou en Afghanistan, dans une ferme de la campagne de l’Aveyron ou sur les hauteurs des montagnes du Badakhchan ...
Les nouvelles vont vite à se diffuser. La lutte solitaire de deux policiers va se rejoindre quand il va s’agir de faire tomber un trafiquant de drogue et un pervers qui martyrise les petites filles ! Avec l’aide du grand patron de la mafia, ayant peur de perdre sa main mise sur le trafic de drogue, si lucratif ... Incroyable !
"Étrange contrée où le courage et l’espoir sont incarnés, au jour le jour, par des femmes et des hommes venus d’horizons divers et de toutes les ethnies, chacun déterminé à faire de sa patrie un pays « normal ».
Je crois qu’ils y réussiront." [p. avant –propos]
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En Bref :
Au travers de deux personnages féminins rencontrés par le personnage principal le quomaandaan Oussama Kandar, chef de la brigade criminelle de Kaboul, nous allons voir ce que les femmes sont capables de réaliser, lorsqu’elles sont mères, et que leurs enfants sont en danger. Avec tous les moyens qu’on voudra mettre à leur disposition, (avec des buts non avouables) mais Nicole Laguna le sait. Ancien agent de la DGSE, puis commissaire de police, elle connait les agissements de « la Cupola », organisme mafieux sous la direction d’Alfredo Vipere. Lorsqu’elle se retrouve dans une situation improbable. Devoir aider ce mafieux, parce qu’il détient des otages. Son mari et ses enfants, monnaie d’échange, contre le chimiste qui doit lui fabriquer une « neige » si pure, qu’elle sera la source de toutes les convoitises. Avec un chauffeur, garde du corps, qui est mis à sa disposition pour l’aider dans la logistique, 24h/24, mais aussi pour la surveiller.
La deuxième femme, à Kaboul, «Nahid » qui va, avec sa seule intelligence, et sans moyens financiers, juste l’aide de quelques femmes, et d’un peu de ruse, tout faire pour délivrer sa fille, Badria enlevée et convoitée par un pervers.
Ossama Kandar, lui aussi, va essayer de tout mettre en œuvre avec sa brigade, pour retrouver ce tueur de fillettes qui sévit à Kaboul depuis quelques temps.
Un difficile jeu du chat et de la souris, car il y a tellement de corrompus dans tous les services, qu’il faut bien choisir ses hommes.
« Du haut en bas de l’échelle, les gens ne pensent qu’à s’en mettre plein les poches, il n’y a plus de sens du collectif, personne ne respecte plus rien, à part l’argent. Les ministres se font construire des palais, les officiels paradent dans leurs 4 x 4 japonais, les fonctionnaires s’achètent des Smartphones ou des vêtements occidentaux hors de prix qu’ils ne peuvent payer qu’avec des pots-de-vin. Nous sommes sans doute les deux dernières personnes honnêtes de Kaboul, enfin, surtout toi car, je te le dis, Oussama, si on m’offrait un beau bakchich, je ne suis pas sûr de le refuser : ma machine à laver vient de casser et je n’ai pas le début des cinquante afghanis requis pour la changer. ... » [p. 32]
Nous y trouverons aussi quelques réflexions bien senties, sur ces jeunes qui n'ont même jamais lu eux-même le Livre sacré, se contentant d'absorber comme des éponges le jus que certains, mauvais génies, veulent bien leur en faire sortir.
« Le jeune candidat au martyre acquiesça, frémissant.
Le vieillard observait la scène, impressionné. Son mollah avait encore fait un excellent travail. Lui-même n’était pas dupe de tout ce cinéma. Militant de l’école de pensée Déobandi dans sa jeunesse, il avait étudié dans les plus prestigieuses universités coraniques, Lahore, Islamabad et même Al-Azhar, au Caire. Il savait qu’un doute sérieux existait sur la transcription exacte de ce passage du Coran, l’expression « soixante-douze Pures aux grands yeux » ayant pu être confondu, au gré des traductions anciennes de l’arabo-syriaque, avec « soixante-douze fruits blancs comme le cristal », une expression désignant des grains de raisin. Le raisin étant un fruit cher et rare dans le désert à l’époque du Prophète, certains penseurs musulmans, et non des moindres, considéraient que la promesse de soixante –douze grains de raisin était une image particulièrement forte pour signifier prospérité et abondance. Toutefois, les jeunes hommes modernes, soumis depuis leur enfance aux images sexuellement explicites, étaient bien davantage motivés par la promesse de jeunes filles que par celle de quelques fruits... Aussi personne, chez les djihadistes, n’avait-il jugé utile d’ouvrir un débat sémantique ou théologique sur ce point. Les candidats au djihad étaient des personnes simples avec une pensée simple, cela suffisait aux hommes cyniques qui les envoyaient à la mort. » [p.102]
Des notes et des observations qui prêteraient à sourire, si ce n'était pas si dramatique, sur ces jeunes dont on lave tellement le cerveau, qu'ils n'ont plus la moindre parcelle de jugeote et gobent tout ce que leurs gourous veulent leur faire croire, avant de les envoyer se faire sauter en vraies bombes humaines !
« Suivant les instructions du mollah des martyrs, il s’était rasé le pubis, avait bandé ses organes génitaux et enfilé trois caleçons afin de protéger son sexe. Une précaution nécessaire s’il voulait profiter comme il se devait des soixante-douze vierges/raisin auxquels il aurait droit lorsqu’il serait au paradis. L’idée que des explosifs assez puissants pour détruire toute forme de vie dans un rayon de dix mètres autour de lui ne pouvaient que pulvériser ses organes génitaux par la même occasion ne l’avait pas traversé. Tel un robot bien programmé, il ne pensait plus qu’à la mort, la chérissait comme une maîtresse ; [p.134]
Cela fait réfléchir !
Impossible de trop en dire, sans dévoiler le suspens qui se noue au fil des pages. Aussi je vous engage à faire aussi ce voyage en Afghanistan, et à admirer ces paysages si bien décrit par l’auteur. Paysages, et aussi personnages, selon les tribus et les croyances !
Mon avis : 4/5
Un livre qui ne s'oubliera pas facilement !
le site du livre chez l'éditeur :
http://www.laffont.fr/site/baad_&100&9782221189115.html
Graphisme :
Couverture : Tim Robinson/Arcanger Images – Création graphique Couverture : Raphaelle Faguer
Pour en savoir plus :
Éditeur : Robert Laffont
Coll. LA BÊTE NOIRE
ISBN : 2-221-18911-6
Parution : 4 Mai 2016
Format : 140 x 225 mm
Nombre de pages : 480
Prix : 21,50 €
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