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mercredi 2 septembre 2015

Egypte éternelle ... (4) Les écrivains voyageurs !

     Après l'expédition d'Egypte de Bonaparte, et les commentaires publiés, combien d'hommes de plumes ont-ils décidé de faire le voyage ? Combien de voyageurs ont-ils ressenti l’envie de retranscrire leurs impressions, de décrire le spectacle, le paysage, quotidiennement sous leurs yeux, dans leur journal de bord. Certains les ont publié de leur vivant, pour d'autres il a fallu que l'on découvre leurs souvenirs après leur mort.

     Dans la collection Bouquins, Robert Laffont, a publié "une anthologie de voyageurs européens de Bonaparte à l'occupation anglaise". Sarga Moussa, directeur de recherche au CNRS, spécialiste de l'orientalisme littéraire, avec la collaboration de Kaja Antonowicz, germaniste et traductrice, nous proposent un travail remarquable. 


"Le Voyage en Egypte" Sarga Moussa
Bouquins, Ed. Robert Laffont

      Pour visiter l’Egypte, divers itinéraires sont abordés.  Tout d’abord, en débarquant, voici la Basse-Egypte, avec Alexandrie et le Delta, puis Le Caire et Héliopolis. Enfin l’incontournable  visite de Gizeh et Sakkara,  puis une poursuite jusqu’à Port Saïd, Ismaïlia et Suez. Afin de poursuivre le voyage, embarquons sur le Nil pour traverser le pays, en route pour la Haute Egypte. Retour dans l’Histoire, avec la découverte des sites parfois ensablés, ou bien en plein travail des archéologues, pour mettre à jour ces trésors, jusqu’à la Nubie.

     Certains de ces explorateurs ont voulu voir le Désert ! Alors voici le Sinaï, puis le désert Arabique, enfin le désert libyque et ses oasis.

      Un tel voyage, offre l’occasion de rencontres. Une mosaïque de populations, de groupes ethniques. Rencontre avec les fellahs qui font de cette terre fertile apportée lors des crues du Nil, ce miracle faisant sortir de terre, ce dont les hommes ont besoin pour vivre. Comme le disait HERODOTE, qui avait visité l’Egypte au Ve siècle avant J. C. ; il consacre à ce pays, tout son livre II de son « Enquête ». Aujourd’hui encore on a retenu sa citation « L’Egypte est un don du Nil ». 

     Parfois controversé par les chercheurs contemporains, les récits consacrés aux esclaves qui auraient construis les pyramides, au temps des Pharaons, il est indéniable que des siècles plus tard, plusieurs voyageurs ont consacré des pages à ces hommes et femmes objets du commerce en Méditerranée. 

     Le côté Ethnographique du voyage abordé également, décrira la vie quotidienne, les fêtes, les rites et les croyances, ainsi que les religions aux différentes époques. 
Bien que souvent retranchées dans le Harem, elles existent les femmes égyptiennes. Mais parfois faisant partie de la tribu des Almées, de fières danseuses, qu’on apparente  souvent aux tziganes, elles sortent et vont dans les fêtes, mariages, pour se produire aux yeux de tous. 
     
     Enfin la période de la modernité, arrive à marquer de son empreinte l’Egypte. MEHEMET –ALI,  le pacha, que les occidentaux auront du mal à définir. Barbare ou civilisé ? Une école de pensée « Les Saint-simoniens »  dans le début des années 1830, se trouveront à une période très active. Bien accueillis en Egypte, souvent polytechniciens, ils vont œuvrer pour bâtir et édifier de grands travaux. 

     Puis on ne peut pas ne pas parler des Mamelouks. Ces anciens esclaves francs, blancs, qui ont formé un régiment qui aura sa part dans l’histoire moderne de l’Egypte.
Petit à petit on verra la fin de l’Egypte authentique, le peuple exploitable, l’arrivée des despotes, de la corruption comme religion d’état.

     L’Egypte s’européanise, le chemin de fer, diminue les temps de transport entre Alexandrie et Le Caire. Le canal de Suez est inauguré. Verdi joue son opéra Aïda l’inauguration de l’Opéra du Caire en 1871.

     L’Angleterre et la France, occupent l’Egypte depuis 1882 ; mise sous tutelle, car ruinée l’Egypte s’accommode tant bien que mal. Le Pacha garde un semblant de pouvoir.  En janvier 1907, Pierre Loti, passe au Caire, qu’il qualifie de « foire cosmopolite »

      « Mais tout à coup, tapage de conversation en langue teutonne, -et des éclats de voix, et des rires ! … Comment est-ce possible, si près du grand mort ? Entrée d’une bande de touristes, habillés en « gens chic » ou à peu près. Un guide à visage de drôle leur fait la nomenclature des beautés du lieu, parlant à tue-tête, comme s’il était chargé du boniment dans une ménagerie. Et l’une des voyageuses, à cause de sandales trop larges qui la font trébucher, rit d’un petit rire bête et continu, comme glousserait une dinde…  Alors, il n’y a pas de police, de gardien, dans cette mosquée sainte ? Et parmi les fervents prosternés en prière, pas un qui se lève et s’indigne ! … Qui donc, après cela, vient nous parler du fanatisme des Égyptiens ?  Trop débonnaires plutôt, ils me sont apparus partout. Dans n’importe quelle église d’Europe, où des hommes prieraient agenouillés, je voudrais voir  comment serait accueillis des touristes musulmans qui, par impossible, se tiendraient aussi mal que ces sauvages-là. »  [p .960]
     En annexe, des notices bio-bibliographiques des voyageurs, la chronologie des principales dates depuis 1767 relative à l’histoire de l’Egypte, sans oublier un index des lieux, pour finir une table des matières très détaillées afin d’y retrouver rapidement, l’auteur et l’extrait qui vous intéressent en fonction de la thématique et de la géographie.
     
Mon avis : 
     Un volumineux ouvrage, presque une bible, de 1 110 pages. A poser dans sa bibliothèque pour tout amoureux de littérature et d’Egypte.  

Pour en savoir plus
Editions Robert Laffont
Collection BOUQUINS
ISBN 2 221 087429 (9782 221 087428)
date de parution : janvier 2004
1 110 pages
Prix : 29.00 €

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