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mardi 20 décembre 2016

Souvenirs de voyages d'une romancière en Moyen-Orient

En cette période plus que troublée dans cette partie du Monde, je me rappelle d'un livre qui m'a également évoqué des séjours en ces terres du Moyen-Orient.


Quatrième de couverture :

"Je me suis aperçue que mes pensées se tournaient de plus en plus vers mes séjours en Syrie, écrivait Agatha Christie en 1944, car après quatre années passée sous les bombes, je mesure combien nous étions incroyablement heureux alors. J'aime ce pays fertile et paisible, le naturel de ses habitants qui savent rire et apprécier la vie, qui sont indolents et gais, dignes et bien élevés, dotés d'une grand sens de l'humour, et pour qui la mort n'a rien de bien terrible."

« Épousez un archéologue : plus vous vieillirez, plus il vous aimera », a dit un jour Agatha Christie (1890-1976). Cette fine mouche qui riait de tout, pratiquait l’autodérision avec un art consommé. Outre ses soixante-dix romans policiers, il y a mieux et beaucoup plus savoureux que son autobiographie : ce sont ses aventures au Moyen-Orient qu’elle publia en 1946 pour répondre à tous ceux qui lui demandaient sans cesse comment elle avait vécu là-bas auprès de son deuxième mari. Comment pouvait-elle imaginer, en effet, alors qu’elle voyageait pour la première fois à bord de l’Orient-Express en 1928, combien son existence allait être modifiée à jamais ? Elle laissait en Angleterre une enfance heureuse passée dans un manoir victorien du Devon, l’échec d’un premier mariage et une carrière littéraire déjà bien assise pour partir en Iraq à la découverte des champs de fouilles d’Our, invitée par les archéologues Leonard et Katherine Woolley. La romancière avait toujours été fascinée par l’Orient, à tel point qu’elle rendit de nouveau visite à ses amis l’année suivante.

Cette fois, les Woolley eurent l’excellente idée de la confier à un jeune archéologue prometteur, Max Mallowan. Ce dernier devint son cicérone, ils visitèrent ensemble la Chaldée et s’éprirent l’un de l’autre. Agatha était âgée de quarante ans, Max n’en avait que vingt-six, mais il la trouvait irrésistible d’intelligence, de charme et d’esprit, qualités qu’elle-même appréciait chez ce garçon si singulier qui n’avait jamais lu aucun de ses romans et n’était nullement impressionné par sa notoriété. Ils se marièrent avant la fin de l’année. Commença alors une vie de voyage avec son époux. Ils travaillèrent essentiellement en Syrie et en Iraq, et Agatha l’accompagna avec joie dans ses pérégrinations. Elle continua à écrire ses propres ouvrages sur place tout en étant une assistante précieuse pour son mari. Elle prenait des photos, les développait, étiquetait les objets trouvés. (Pour dépoussiérer les plus fragiles elle utilisait une aiguille à tricoter et un pot de crème pour le visage !)

La Romancière et l’archéologue regroupe cinq saisons de fouilles entre 1934 et la fin des années 1930 avec toujours pour fil directeur une solide expérience de la nature humaine et un humour inoxydable, et ce quel que soit le sujet évoqué – la constipation des ouvriers ou les sous-vêtements d’un chauffeur. Rien n’échappe à Agatha Christie, depuis les dissensions opposant les diverses ethnies jusqu’au sort des femmes musulmanes. Notons que ces voyages lui inspirèrent trois de ses plus célèbres romans : Mort sur le Nil, Le Crime de l’Orient-Express et Meurtre en Mésopotamie.

En Bref :
 Souvenirs de voyages d'une romancière en Moyen-Orient, alors que son second mari est en campagne de fouille archéologique en Syrie, Agatha Christie décide d'aller le rejoindre, et devient son assistante, tout en continuant à écrire des romans ... 

Un excellent moyen de revivre la découverte des sites tels que Palmyre
"Enfin, après sept heures de chaleur, de monotonie et de paysages désertiques, Palmyre ! Selon moi, tout le charme de Palmyre réside dans cette beauté étrange qui surgit d'une manière féerique en plein désert. C'est un lieu irresistible, singulier et incroyable qui porte en lui toute l'invraisemblance théâtrale d'un rêve. Cours, temple, colonnes en ruines ..." [p. 42]

Mais également d'autres lieux remarquables ! 

Pour en savoir plus :
Éditeur : Payot
ISBN : 9782228899437 
parution : février 2005
Grand format : 256 pages
Genre : Afrique

Collection : Petite Bibliothèque Payot/Voyageurs

Prix : 21.00 €

Existe en format poche 

dimanche 30 octobre 2016

Mes lectures de l'été : De miel & d'aloès ... Ali Bécheur

Ressortir de vieux livres du fond sa bibliothèque et se remettre à les feuilleter puis à les relire ...



"De miel & l'aloès"  Ali Bécheur



Quatrième couverture :

« Telle une nausée, remonta du fond de ma gorge, la nostalgie d’un temps antérieur à l’expression touristique ; vague amère surgie de l’horizon perdu d’un continent naufragé, de quelque Atlantide engloutie sous le béton, encore bouillonnante de l’écume des jours anciens. Je m’y revis, courant vers le parasol de Narjès, planté sur la plage, pareil au phare d’une île flibustière, embaumée de vanille ; le marchand de cacahuètes y criait son existence infra-cartésienne : « Je suis là, je suis là ! » Et chacun d’entre nous, Narjès, Mourad, moi et les autres, tous les autres, à peine émergés tout éblouis de l’adolescence, nous commencions sans même nous en douter, à élever, pierre à pierre, brique sur brique, avec l’obscure patience du temps qui gèle les passions les plus ardentes, le mur épais de nos silences ; à verrouiller la forteresse sur nos vies désertiques, à l’enclore de remparts si hautes qu’ils nous cachaient les uns aux autres obstruant du même coup la liberté bleue de la mer … »


-=-=-

Sujet : 
Tranches de la vie d'un homme qui se rappelle et nous raconte, ses souvenirs. 
On arrive comme des invités de marque, autorisés à pénétrer dans le salon d'apparat, pièce utilisée que pour les grandes occasions. 

« Le salon bénéficie d’un statut particulier ; voué à l’apparat, on ne l’ouvrira que pour les circonstances solennelles ou les cérémonies : visites protocolaires ou circoncisions, fiançailles, mariages, ou encore funérailles. Jouissant ainsi du privilège d’exterritorialité, il échappera aux vicissitudes qui jalonnent l’histoire d’une demeure : vases ébréchés, tables bancales, fauteuils bancroches, ou jouets éparpillés sur le tapis. Le passage des années le laissera tel que les fiancés l’ont décoré avant même les épousailles. Les frais en sont à la charge du promis, de même que, suivant une coutume corollaire, l’aménagement de la chambre à coucher incombe à la future maîtresse de maison. [p. 9]

Le grand-père et ses rituels  et les moments partagés où il accompagne l'aïeul. L'admiration de l'enfant, envers cet homme respecté. Les promenades dans le souk des parfumeurs, puis le long de la Grande Mosquée, pour enfin s'asseoir sur le siège du barbier Si AbdelHak. Moment où l'on cause, en attendant son tour. 





Puis vient le temps des études, où l'enfant devient adolescent. Les découvertes de soi, des émotions de l'adolescence vers l'autre sexe. Les premières fois, où l'on ose avec un copain franchir le pas de la porte. 



Dans une civilisation où les hommes et les femmes ne partagent pas grand chose. Chacun sa vie, dans un coin de la maison aussi, les femmes au fond, où à l'étage, dans les chambres où les fenêtres sont munies de moucharabiehs afin qu'elles puissent voir sans être vues. Les hommes dehors, le plus souvent, au café quand ils ne sont pas à leur travail. 



Puis vient le temps de partir faire ses Universités à Paris le plus souvent. Le Quartier Latin, le changement de monde, de climat, de couleurs du ciel aussi ! Tout un dépaysement. 






« Et pourtant, en avais-je assez rêvé de ce moment où affranchi du servile statut de l’élève –assujetti à la double férule de la famille et du lycée- je m’élèverai enfin à la condition libre de l’étudiant ! Liberté neuve que j’étrennais –comble de bonheur ! – à Pairs, cité légendaire où s’ébauchent les grands destins, se nouent les grandes amours. » [p.71]




Enfin, toute une partie de la vie d'homme, qui retourne au pays, diplôme en poche pour mener sa vie. Tout change, de nouveaux quartiers se construisent. Le mariage, les anciens amis, qui ont chacun fait leur vie, plus ou moins réussie! Donc les comparaisons, les critiques, ... La vie de chacun est-elle conforme à ses aspirations. L'amitié résistera-t-elle aux différentes sociétés qu'on fréquente.


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Mon avis
Une lecture qui fait revivre, aux lecteurs de la même génération, des moments dans nos souvenirs également. Surtout lorsque nous avons connu aussi la Tunisie de cette période, dont les us et coutumes se maintenaient encore dans bien des familles. Cette deuxième partie du XXe siècle, période de modernisation, de transformation, parfois difficile en France, alors imaginez en Tunisie qui devait naître comme nouvelle entité politique, Tunisie libre et autonome, tout en restant liée à son ancien Protectorat, le temps d'organiser ses propres structures. 
Ce premier roman d'Ali Becheur, (1989) annonce un auteur francophone qui manie la plume et la narration avec une certaine maîtrise. 

D'autres titres vont suivre. 

Pour en savoir plus :
Editeur : Cérès Productions
ISBN : 9973 700 07 4
Date de parution : 4e trimestre 1989
211 pages



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 Article en construction ...

samedi 29 octobre 2016

Les Prix Littéraires 2016

Septembre 2016, l'automne arrive avec les matins brumeux, pluvieux ! Mais un sourire soudain illumine ma face, avec la pensée que non seulement les feuilles des arbres vont tomber et se ramasser à la pelle ... comme le dit la chanson. 

Les "feuilles de choux", les journaux aussi vont nous offrir des articles pour entretenir le suspens. Qui obtiendra le Goncourt, le Renaudot, etc. On va nous tenir en haleine pendant des semaines. Cela commence déjà, avec les premières sélections. 

Cette année j'ai relevé un "calendrier des prix littéraires 2016" qui nous est proposé par "Télérama" Pour avoir tous les détails, cliquez sur le lien ci-dessous :
 http://www.telerama.fr/livre/le-calendrier-des-prix-litteraires-d-automne-2016,147067.php



Prix Goncourt

Lauréat 2015 : Mathias Énard
6 septembre : 1ère sélection
4 octobre : 2e sélection
27 octobre : 3e sélection
3 novembre : proclamation


Prix Renaudot

Lauréate 2015 : Delphine de Vigan
6 septembre : 1ère sélection
date non connue : 2e sélection
date non connue : 3e sélection
3 novembre : proclamation


Prix Médicis

Lauréate 2015 : Nathalie Azoulai
12 septembre : 1ère sélection
6 octobre : 2e sélection
27 octobre : 3e sélection
2 novembre : proclamation


Prix Décembre

Lauréat 2015 : Christine Angot
15 septembre : 1ère sélection
20 octobre : 2e sélection
7 novembre : proclamation


Prix Femina

Lauréat 2015 : Christophe Boltanski
16 septembre : 1ère sélection
4 octobre : 2e sélection
24 octobre : 3e sélection
25 octobre : proclamation


Grand prix du roman de l'Académie française

Lauréats 2015 : Hédi Kaddour et Boualem Sansal
29 septembre : 1ère sélection
13 octobre : 2e sélection
27 octobre : proclamation


Prix du Roman des étudiants France-Culture - Télérama

Lauréat printemps 2016 : Olivier Bourdeaut
21 septembre : sélection
14 décembre : proclamation
NB : Les dates concernant le prix Interallié ne sont pas encore connues.
Source : Livres Hebdo

Lectures tunisiennes ... "Tunisian Yankee" de cécile Oumhani,

Un coin de ma bibliothèque, 
Lectures tunisiennes... 

L'autre rive de la Méditerranée, révèle également des auteur(e)s et des livres méritant notre attention ! Ils manient le français parfaitement, et ont souvent l'avantage sur nos écrivains c'est de pouvoir s'exprimer dans les deux langues, parfois plus, avec la même facilité.

"Tunisian Yankee" de Cécile Oumhani 
récemment publié par les éditions ELYZAD (Tunis)

Quatrième de couverture :

Qui est ce soldat blessé sur une route de l’Oise en 1918, débarqué avec les troupes américaines ? Épris de liberté et de justice, Daoud a quitté son pays pour échapper au poids de l’autorité, celle de son père, mais aussi celle du Protectorat français. C’est à New-York, dans le bouillonnant quartier de Little Syria, qu’il voudrait enfin poser ses valises, construire son avenir aux côtés de la belle Elena. Les rêves du jeune Tunisien vont cependant se frotter aux fracas de l’Histoire.

Quelle place tiennent les désirs d’un homme lorsque la marche du monde s’accélère ? 
De l’esclavage à la guerre de tranchées en passant par la lutte pour l’indépendance, entre bouleversements politiques et inventions merveilleuses, Cécile Oumhani nous convie à un voyage foisonnant. Sur les pas d’un exilé du siècle au destin saisissant. 



Sujet
Sous le Protectorat français, la jeunesse étouffe, on sent la fin d’une époque où pour s’exprimer, et avoir l’impression de vivre enfin selon leurs aspirations, il va falloir rompre les amarres. Aussi difficile que cela soit, Daoud, n’a pas le choix.

Il prend sa valise discrètement, et entame le voyage vers sa nouvelle vie, avec une lettre de recommandation, une adresse, et un petit bout de tissu, un poisson brodé dans sa poche !

La Première Guerre mondiale 14/18 va s’imposer à tous les hommes, jeunes et moins jeunes, et aussi aux familles qui subiront tant de leurs côtés. Qu'importe le lieu où ils se trouvent ! 



En Bref :
Hiver  1917, Un camp de l’armée américaine près de Saint-Nazaire. 
« Sand-nigger »  (nègre des sables) Dawood, explose, il ne supporte pas ce surnom, de la part d’un raciste qui cherche la  bagarre, ce qui lui vaudra quelques jours de taule ! 
Puis il comprend que c'est l'ennemi qui leur tire dessus qu'il faut éviter de se faire casser la figure par un soldat de son camp et combattre. Les copains tombent, tous les jours ou presque. Un jour lui aussi, peut-être. Effectivement, après une grave blessure, il se retrouve sur un lit d’hôpital, où il va revivre sa vie. Entre les souvenirs qui lui reviennent, après une piqûre de morphine, pour qu’il oublie la douleur. Les soins du docteur Macintosh, qui souvent parle avec lui, seul humain, avec l’infirmière, dans cette boucherie ! 

Son enfance, orphelin de mère, c'est ce que son père lui a dit, c'est la nourrice Mouldia, qui s'occupera de lui, tout le temps. Son père, lui, il a voulu prendre une seconde femme, reniant le serment qu'il avait signé avec sa mère. Il l'a répudiée, l'empêchant d'emmener son fils avec elle lorsqu'elle est partie. C'est Mouldia qui lui a raconté bien plus tard...
Son père, d'ailleurs il avait même oublié son existence. ... 

On comprend mieux cette envie de fuir, d'aller voir ailleurs !

A New York, au hasard de ses longues marches, il arrive dans un café sur Atlantic Avenue. Deux hommes s'installent, il repense à ses causeries avec ses amis, intellectuels aussi à Bab Souika.



 Y aurait-il parmi eux Khalil Gibran, et Ameen Rihani ? Aura-t-il le courage de surpasser sa timidité et de leur parler ? De s'intégrer à nouveau à un groupe pour reparler de culture, d'espoir en une vie meilleure ! 




Mon avis :

Un récit empreint de sentiments, qui rentre aussi dans les lectures à faire dans le cadre du centenaire de la Première Guerre mondiale. 
En plus, un très bel objet livre, encore une proposition réussie, comme toutes les publications d'elyzad. Un format agréable à tenir en main, avec un beau papier. Une couverture au graphisme recherché, comme cette photo du disque de cette chanteuse grecque dont il nous parle page 220, cette chanson qui lui donne des frissons et qui lui rappelle son passé.


Μαρίκα Παπαγκίκα MARIKA PAPAGIKA - SMYRNEIKO MINORE (1919)
ΡΕΜΠΕΤΙΚΑ ΚΑΙ ΑΜΑΝΕΔΕΣ 

ΡΕΜΠΕΤΙΚΑ ΚΑΙ ΑΜΑΝΕΔΕΣ
Mise en ligne le 27 févr. 2009
Σμυρνέικο μινόρε (Νέα Υόρκη, 1919)

Αν μ αγαπάς κι είν όνειρο, ποτέ να μην ξυπνήσω,

μες τη γλυκιά τη χαραυγή θέε μου ας ξεψυχίσω.

Un grand merci aux Editions elyzad dont j'ai particulièrement apprécié l'envoi de la part d'Elisabeth Daldoul qui m'a permis de découvrir Cécile Oumhani.

Pour suivre les publications  la page Facebook : https://www.facebook.com/elyzad/

Pour en savoir plus :
Edition elyzad
ISBN : 978 9973580870
parution 3eme tri 2016
284pages,  sous couverture illustrée, 
Couverture : Hella Chelli
prix : 19.90 € (20.00 DT)

L'auteure :



Ajoutée le 7 juil. 2016

Cécile Oumhani vous présente son nouveau roman "Tunisian Yankee". Sortie septembre 2016.




Un commentaire de l'auteure :

« Très touchée par cette note de lecture, je vous remercie vivement pour ces mots qui emportent « Tunisian Yankee » sur son chemin vers d’autres lecteurs. »
Cécile Oumhani. le 25 septembre 2019

jeudi 22 septembre 2016

La Bête noire 7 : "L'Affaire Léon Sadorski" de Romain Slocombe"

"LA BÊTE NOIRE" s'affirme comme un découvreur d'auteur et de titre sélectionnés parmi les postulants au prix Goncourt de la rentrée littéraire 2016


Parution du mois d'août 2016, "L'affaire Léon Sadorski" de Romain Slocombe.



Quatrième de couverture :
Le pire des salauds, le meilleur des enquêteurs.
Avril 1942. Au sortir d'un hiver rigoureux, Paris prend des airs de fête malgré les tracas de l'Occupation. Pétainiste et antisémite, l'inspecteur Léon Sadorski est un flic modèle doublé d'un mari attentionné. Il fait très correctement son travail à la 3e section des Renseignements généraux, contrôle et arrête les Juifs pour les expédier à Drancy. De temps en temps, il lui arrive de donner un coup de main aux Brigades spéciales, d'intervenir contre les « terroristes ».

Mais Sadorski est brusquement arrêté par la Gestapo et transféré à Berlin, ou on le jette en prison. Le but des Allemands est d'en faire leur informateur au sein de la préfecture de police... De retour à Paris, il reçoit l'ordre de retrouver son ancienne maîtresse, Thérèse Gerst, mystérieuse agent double que la Gestapo soupçonne d'appartenir à un réseau antinazi.

En Bref :

Angoissante époque que l’auteur tente de faire revivre, avec talent, dans cette histoire ! Comment vivre sa vie, quasi normalement si possible, vue les circonstances.

Pour certains, avoir l’air d’obéir aux ordres, sans trop de zèle, mais quand même avec assez de diligence pour ne pas éveiller les soupçons, ni des pour, ni des contre. Pour d’autres, complètement  gagnés à la cause du nouvel ordre qui règne en France, ou pas, comment savoir ? 
Savoir ouvrir les yeux, et écrire des lettres, le plus souvent anonymes, on ne sait jamais !  Car il y en a deux des "France" celle de Vichy, et l’autre la libre, à Bordeaux. 



Quelle époque que l’auteur tente de faire revivre avec talent dans cette histoire. Vivre sa vie, quasi normalement si possible, vue les circonstances pas facile.
L’inspecteur de police Léon Sadorski, se retrouve face à une situation particulièrement délicate. L'affaire d'une jeune femme est retrouvée sur la ligne de ceinture autour de Paris, Abattue de plusieurs balles, mais aussi violée semble-t-il. Cette morte avait un lien de parenté avec une famille dont l’inspecteur avait une enquête en cours. Mais, il semble qu’il ne soit pas le seul à s’intéresser à ce crime, lui révèle le médecin légiste chargé de l’autopsie à l’Institut Médico-Légal ! Un rapport a déjà été prélevé du dossier par un officier allemand...

« Cela ne plait pas beaucoup à Sadorski. Tout ce qui se passe dans un périmètre autour de l’Etoile – avenue Kleber, par exemple – risque de toucher, de près ou de loin, à des services de la Gestapo. Source d’ennuis possibles pour un policier français. » [p.339]

Du suspens, des rebondissements, mais également des pages d'histoire de Paris, sous l'occupation. Il y a tout ce qu'il faut pour une belle lecture ! 

Mon avis : ****
Difficile tentative d’auteur, de faire revivre cette période dont toutes les cicatrices ne sont pas encore totalement refermées. Une visite de certains quartiers de Paris qu’on ne verra plus de la même façon, en pensant à ce livre.

J’ai particulièrement apprécié l’imposante bibliographie publiée en annexe à la fin de ce roman. une aide précieuse peut-être de la matière à se documenter plus avant sur certains sujets. 

La page du livre chez l'éditeur : 

Pour en savoir plus : 
Éditeur : Robert Laffont
Collection LA BÊTE NOIRE
ISBN : 2-221-18777-6
Parution : 25 Août 2016
Format : 140 x 225 mm
Nombre de pages : 512
Prix : 21,00 €

dimanche 11 septembre 2016

Mes lectures de l'été : C'était Tunis 1920 ... Maherzia Amira-Bournaz

Ressortir de vieux livres du fond de sa bibliothèque et se remettre à les feuilleter, puis à les relire ... 



C'était Tunis 1920, 
Maherzia Amira-Bournaz

Editions Cérès (Tunis)




Quatrième couverture :
 "Une fois que vous aurez refermé ce beau livre si instructif et si tendre, gardez-le bien soigneusement parmi vos propres souvenirs de famille et veillez à ce que vos enfants et les jeunes qui vous entourent le lisent ; ainsi vous aurez moins de remords si vous ne leur avez pas assez narré l’histoire de votre maison et plus de nouvelles informations à leur fournir si vous avez la sagesse de prêter habituellement attention à ce devoir souriant qu’ils attendent de vous.
Et puis, faites aussi une autre chose encore : écrivez à l’auteur, pour le convaincre de vous raconter la suite."

Frédéric MITTERAND

Le livre : 
Malheureusement, il nous est impossible de lui écrire, car l'auteure nous a quitté et a déposé sa plume à jamais, en 2002.

En Bref : 

Voilà un livre de souvenirs de l’auteur, Maherzia Amira-Bournaz  nous évoquant la vie de Tunis dans les années du début du siècle. Le quotidien de la famille, comment chacun vivait, les occupations de tous les jours qui peuvent faire sourire les plus jeunes.
N'oublions pas quelles étaient les conditions de confort au début du siècle. 

Extraits :
Comment faire un choix, tout le livre serait à extraire.  Je citerai donc, comme emblématique cette époque où sans réfrigérateur, ni congélateur, les familles arrivaient à faire un stock de réserves alimentaires. 




"La chambre aux provisions était toujours pleine à craquer. On y trouvait toujours tout ce qu'on pouvait désirer. Mon père faisait toujours ses achats en gros : sucre, savon, chocolat, huile etc. sans oublier non plus les victuailles que nous recevions de la famille de Beni Khiar. Les prouits étant différents selon les saisons. 
En automne, nous recevions des grenades, des raisins, des olives vertes et noires." [p. 31/32]
Mon avis :
Pour celles et ceux qui ont connu cette période, et les années 50 où vivaient encore les individus de ces scènes, voilà un ouvrages idéal, afin de se recadrer, nous qui avons tendance à toujours pester contre tout dès qu'une brindille vient se coincer dans notre routine !

J’ai une bouffée de souvenirs qui m’étreignent le cœur. Je repense à une femme qui ressemble à toutes ces femmes de cette époque. Je la revois, préparer ses réserves de couscous, de petites pâtes ; Après l'Aïd, les Kadides de viande séchées, les osbanes d'épices. Je revois ces cordes à linge tendus entre deux fenêtres dans un angle de la cour. où elle suspendait la viande à sécher, les boulettes attachées en grappe par du fil à coudre. Puis les ranger dans des pots en argile vernissés rempli d'huile d'olive.

Cette relecture de mes livres tunisiens dans ma bibliothèque tunisienne, c'est me faire revivre bien des années vécues baignées de ces traditions qu'il ne faut pas que la Tunisie oublie. C'est son Patrimoine, ses Arts et Traditions populaires !

une nouvelle édition a été réédité en poche : 

 

Auteur  M. Amira-Bournaz
Editeur  Ceres Production
Date de parution  janvier 2003
EAN  978-9973193865
ISBN  9973193865

à suivre :

Maherzia se souvient, Tunis 1930 

Dans le second ouvrage, Maherzia Bournaz se fait le chantre de la vie tunisienne de 1927 à 1945. Elle relate en un style simple et vivant, son adolescence sous le protectorat français. C’est l’occasion pour elle de faire revivre la vie quotidienne d’antan avec la présentation de son quartier, sa maison, ses parents, sa famille et voisins, les traditions, les fêtes et les rites. Elle émaille son récit d’attachantes anecdotes, de scènes prises sur le vif, de contes de son enfance, de remèdes naturels, de tabous et de superstitions de l’époque. Elle offre au lecteur une fresque humaine riche et variée tout en lui faisant visiter et aimer les lieux avec un raffinement où l’Orient et l’Occident insensiblement se marient. C’était Tunis 1920 et Maherzia se souvient, sont de vivants témoignages sur un monde lointain qui nous est cher et dont le souvenir méritait de survivre à travers le vécu personnel de l’auteur.

L’auteur :
Maherzia Amira Bournaz (1912-2002), mère de quatre enfants, est née à Tunis. Auteur d’articles et de contes qui lui ont valu des prix (Club Tahar Haddad et Services Culturels Français). C’était Tunis 1920 est son premier livre, suivi de Maherzia se souvient, Tunis 1930.



(page en construction) à suivre ...

samedi 3 septembre 2016

Mes lectures de l'été ... L'invasion de la Mer Jules Verne

Quelques problèmes dus à l'éloignement, à un besoin de faire une cure de désintox à Internet, et puis à un problème technique d'ordinateur tout bête, qui lui aussi avait encore besoin de vacances ... m'ont éloigné de ma page. Cela m'a permis de disposer de temps pour lire, mais aussi relire certains livres dont je vais parler cette semaine.

Puisque je retournai en Tunisie, j'ai voulu ressortir un vieux livre, de Jules Verne dont la Tunisie se trouve être le cadre de cette dernière histoire.

"L'invasion de la Mer"



Cette idée de faire des chotts tunisiens, et algériens, une nouvelle mer, afin d'amener l'activité dans cette zone désertique, est étudiée sérieusement par plusieurs ingénieurs. Aidés de l'armée française, qui a des régiments dans ces territoires sous Protectorat. On consultera le dossier concernant Géologues et mer intérieurhttp://www.annales.org/archives/cofrhigeo/mer-sahara-2.html

Cependant, les habitants des oasis dont les jardins seraient submergés par la réalisation de ce  projet, seraient ruinés. Toutes les récoltes, de légumes et de fruits, de dattes qui nourrissent tant de monde anéanties ! 
"D'ailleurs, le Djerid, le pays des dattes, compte plus d'un million de ces arbres, dont il existe cent cinquante variétés de leur fruit, entre autres la "datte-lumière", à chair transparente, est de qualité supérieure. " [VI de GAbes à Tozeur p.103]

Les peuplades Touaregs, qui elles vivent du commerce des caravanes, ne sont pas d'accord, car le trafic maritime annoncerait la fin de leur vie nomade. Vie à laquelle certains tiennent absolument et ne sont pas prêts à se sédentariser. Ils sont fiers, les hommes et surtout les femmes qui souvent gouvernent les familles ! Il va falloir compter avec leur pouvoir de rallier les familles qui règnent sur le Désert ! Pas si désert que ça, tout compte fait !

Jules Verne a bien compris le problème qui va se poser dans la région, il en fait donc le sujet de la dernière histoire qu'il va donner au journal qui commencera de le publier en feuilleton avant sa mort. 

Il est venu en Algérie avec son bateau, avant d'écrire sont histoire, et a poursuivi jusqu'en Tunisie par le train, pour mieux connaître les lieux.

On trouvera des personnages attachants, en particulier un certain chien "Coupe à cœur" très intelligent, grand ami d'un cheval Va d'lavant,  et le Mare chef Nicol... 23


D'autres romans de Jules Verne auront la Méditerranée pour cadre. Bientôt quelques titres à lire, si cette partie de son oeuvre vous intéresse. [Hector Servadac (1877) - Mathias Sandorf (1885) ...]

Grace à Gallica, nous pouvons retrouver proposés à la lecture sur Internet, les textes tombés dans le domaine public. Je vous propose donc, de lire l'édition illustrée de chez Hetzel (juillet 1905) 
 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96076223/f15.image

à propos de
Sur Jeune Afrique : http://www.jeuneafrique.com/123123/archives-thematique/jules-verne-le-tunisien/

Mon avis : ****
Un roman, bien documenté, sur les us et les coutumes de certaines populations  occupants le Sud de la Tunisie. Les habitats, les cultures. On lira avec plaisir cette aventure méditerranéenne. 


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dimanche 31 juillet 2016

La Gastronomie Tunisienne ... Patrimoine du pays

     Comme en France et dans tous les pays, la Gastronomie fait partie du Patrimoine d'un pays.
(je vous invite à vous rendre sur le blog Mes Carnets de Recettes 
http://mescarnetsderecettes.blogspot.com/2016/07/tunisie-et-son-patrimoine-la-gastronomie.html 
afin de prendre connaissance d'une des bases de la cuisine tunisienne : 
l'Harissa !

     Depuis l'Antiquité, Carthage représentait ce qui aujourd'hui s'appelle la Tunisie. Un petit rappel de ce que représentait la puissance de Carthage, quarante cinq minutes pour mémoire ! 




 (documentaire issu de la chaîne Planète présenté sur youtube par xXxAngmar1xXx )

Idéalement située dans ce qui était le monde connu dans l’Antiquité, au croisement des routes Nord/Sud et Est/Ouest de la Méditerranée, son climat favorisait une culture de différentes céréales, d’agrumes, de fruits etc. Les Romains l’avaient bien compris, qui faisaient de « Carthage le grenier de Rome ». 
     L’Unesco a déjà inscrit plusieurs sites tunisiens dans ses sites du « Patrimoine mondial » dont voici un rappel : http://whc.unesco.org/fr/etatsparties/tn 


UNESCO : Carte sites classés en Tunisie
A lire :

"La Légende de Carthage" 
Azedine Beschaouch 
Ed. Découverte Gallimard 
ISBN 9782070532124

"Carthage retrouvée" 
Abdelmajid Ennabli, George Fradier et Jacques Pérez 
Ed. Céres/Herscher 1995, 
ISBN : 9973190556

    
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     Au cœur de la cité de Carthage, on trouve encore aujourd'hui un quartier qui porte le nom de Magon. Cet érudit, auteur d'un célèbre traité d'agronomie, "Encyclopédie agricole" en 28 livres, notamment sur la viticulture, fut traduit dans plusieurs langues à l'époque ; après la destruction de Carthage par le feu, à la fin des Guerres Puniques, les Romains ont sauvegardé ces précieux traités pour en tirer profit ! 



     Certaines pratiques sont encore utilisées à ce-jour, notamment en viticulture. Un grand cru tunisien porte toujours son nom sur les étiquettes de ses bouteilles.
  Lors de visite dans de grands magasins spécialisés dans les livres, le rayon cuisine devient international, il est donc facile de trouver des recettes de tous les pays, mais ce ne sont souvent que des adaptations européennes. 

Deux livres tunisiens, sont les bibles (si l'on peut dire) car plusieurs fois réédités, que toute mère doit placer dans le couffin de la mariée. 


- "La Sofra" ou l'art de préparer la véritable Cuisine Tunisienne, de Zeineb KAAK, Société Tunisienne de Diffusion (S.T.D.) 1976

- "650 recettes de  Cuisine et Pâtisserie tunisiennes" Ommok Sannafa préfacé par Mohammed Kouki



On a vu madame Zeineb Kaak, présenter cette dernière édition de son livre 



Quelques titres :
je vous renvoie sur le site d'Amazone où j'ai trouvé un choix considérable. 
"CUISINE TUNISIENNE"



samedi 9 juillet 2016

La Bête noire 6 : BAAD de Cédric Bannel

Dans la collection polar et thriller de Robert Laffont, "LA BÊTE NOIRE", voici un nouveau titre qui va je crois s'inscrire dans ma liste spéciale des livres "à relire", tant le contenu mérite, une fois que l'on est venu à bout de l'intrigue, une nouvelle lecture plus approfondie, des lieux, des hommes qui y vivent, et de leurs us et coutumes. 


Voici donc un livre de Cédric Bannel, qui veut nous faire connaître cet Afghanistan qu'il pratique et qu'il aime. Dans BAAD, il va tenter de nous l'expliquer. 

Quatrième de couverture :

« BAAD » : Homme mauvais, violent, cruel avec les femmes.
BARBARIE : Des jolies petites filles, vêtues de tenues d'apparat, apprêtées pour des noces de sang.
ABOMINATION : Deux femmes, deux mères. À Kaboul, Nahid se bat pour empêcher le mariage de sa fille, dix ans, avec un riche Occidental. À Paris, les enfants de Nicole, ex-agent des services secrets, ont été enlevés. Pour les récupérer, elle doit retrouver un chimiste en fuite, inventeur d'une nouvelle drogue de synthèse.
AFFRONTEMENT : Il se croit protégé par ses réseaux et sa fortune, par l'impunité qui règne en Afghanistan. Mais il reste encore dans ce pays des policiers déterminés à rendre la justice, comme l'incorruptible chef de la brigade criminelle, le qomaandaan Kandar.
DÉFLAGRATION : Nicole et Nahid aiguisent leurs armes. Pour triompher, elles mentiront, tortureront et tueront. Car une mère aimante est une lionne qui peut se faire bourreau.


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Sujet : 


A l’heure de la mondialisation de l’économie, avec l’Internet et les moyens de communication ultra sophistiqués, qu’importent les distances. Que l’on soit à Paris, ou en Afghanistan, dans une ferme de la campagne de l’Aveyron ou sur les hauteurs des montagnes du Badakhchan ... 
Les nouvelles vont vite à se diffuser.  La lutte solitaire de deux policiers va se rejoindre quand il va s’agir de faire tomber un trafiquant de drogue et un pervers qui martyrise les petites filles ! Avec l’aide du grand patron de la mafia, ayant peur de perdre sa main mise sur le trafic de drogue, si lucratif ... Incroyable !
"Étrange contrée où le courage et l’espoir sont incarnés, au jour le jour, par des femmes et des hommes venus d’horizons divers et de toutes les ethnies, chacun déterminé à faire de sa patrie un pays « normal ».

Je crois qu’ils y réussiront." [p. avant –propos]
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En Bref :



Au travers de deux personnages féminins rencontrés par le personnage principal le quomaandaan Oussama Kandar, chef de la brigade criminelle de Kaboul, nous allons voir ce que les femmes sont capables de réaliser, lorsqu’elles sont mères, et que leurs enfants sont en danger. Avec tous les moyens qu’on voudra mettre à leur disposition, (avec des buts non avouables) mais Nicole Laguna le sait. Ancien agent de la DGSE, puis commissaire de police, elle connait les agissements de « la Cupola », organisme mafieux sous la direction d’Alfredo Vipere. Lorsqu’elle se retrouve dans une situation improbable. Devoir aider ce mafieux, parce qu’il détient des otages. Son mari et ses enfants, monnaie d’échange, contre le chimiste qui doit lui fabriquer une « neige » si pure, qu’elle sera la source de toutes les convoitises.  Avec un chauffeur, garde du corps, qui est mis à sa disposition pour l’aider dans la logistique, 24h/24, mais aussi pour la surveiller.  
La deuxième femme, à Kaboul, «Nahid » qui va, avec sa seule intelligence, et sans moyens financiers, juste l’aide de quelques femmes, et d’un peu de ruse, tout faire pour délivrer sa fille, Badria  enlevée et convoitée par un pervers. 
Ossama Kandar, lui aussi, va essayer de tout mettre en œuvre  avec sa brigade, pour retrouver ce tueur de fillettes qui sévit à Kaboul depuis quelques temps.
Un difficile jeu du chat et de la souris, car il y a tellement de corrompus dans tous les services, qu’il faut bien choisir ses hommes. 

« Du haut en bas de l’échelle, les gens ne pensent qu’à s’en mettre plein les poches, il n’y a plus de sens du collectif, personne ne respecte plus rien, à part l’argent. Les ministres se font construire des palais, les officiels paradent dans leurs 4 x 4 japonais, les fonctionnaires s’achètent des Smartphones ou des vêtements occidentaux hors de prix qu’ils ne peuvent payer qu’avec des pots-de-vin. Nous sommes sans doute les deux dernières personnes honnêtes de Kaboul, enfin, surtout toi car, je te le dis, Oussama, si on m’offrait un beau bakchich, je ne  suis pas sûr de le refuser : ma machine à laver vient de casser et je n’ai pas le début des cinquante afghanis requis pour la changer. ... » [p. 32]
Nous y trouverons aussi quelques réflexions bien senties, sur ces jeunes qui n'ont même jamais lu eux-même le Livre sacré, se contentant d'absorber comme des éponges le jus que certains, mauvais génies, veulent bien leur en faire sortir.
« Le jeune candidat au martyre acquiesça, frémissant.
Le vieillard observait la scène, impressionné. Son mollah avait encore fait un excellent travail. Lui-même n’était pas dupe de tout ce cinéma. Militant de l’école de pensée Déobandi dans sa jeunesse, il avait étudié dans les plus prestigieuses universités coraniques, Lahore, Islamabad et même Al-Azhar, au Caire. Il savait qu’un doute sérieux existait sur la transcription exacte de ce passage du Coran, l’expression « soixante-douze Pures aux grands  yeux » ayant pu être confondu, au gré des traductions anciennes de l’arabo-syriaque, avec « soixante-douze fruits blancs comme le cristal », une expression désignant des grains de raisin. Le raisin étant un fruit cher et rare dans le désert à l’époque du Prophète, certains penseurs musulmans, et non des moindres, considéraient que la promesse de soixante –douze grains de raisin était une image particulièrement forte pour signifier prospérité et abondance. Toutefois, les jeunes hommes modernes, soumis depuis leur enfance aux images sexuellement explicites, étaient bien davantage motivés par la promesse de jeunes filles que par celle de quelques fruits... Aussi personne, chez les djihadistes, n’avait-il jugé utile d’ouvrir un débat sémantique ou théologique sur ce point. Les candidats au djihad étaient des personnes simples avec une pensée simple, cela suffisait aux hommes cyniques qui les envoyaient à la mort. » [p.102]

Des notes et des observations qui prêteraient à sourire, si ce n'était pas si dramatique, sur ces jeunes dont on lave tellement le cerveau, qu'ils n'ont plus la moindre parcelle de jugeote et gobent tout ce que leurs gourous veulent leur faire croire, avant de les envoyer se faire sauter en vraies bombes humaines !

 « Suivant les instructions du mollah des martyrs, il s’était rasé le pubis, avait bandé ses organes génitaux et enfilé trois caleçons afin de protéger  son sexe. Une précaution nécessaire s’il voulait profiter comme il se devait des soixante-douze vierges/raisin auxquels il aurait droit lorsqu’il serait au paradis. L’idée que des explosifs assez puissants pour détruire toute forme de vie dans un rayon de dix mètres autour de lui ne pouvaient que pulvériser ses organes génitaux par la même occasion ne l’avait pas traversé. Tel un robot bien programmé, il ne pensait plus qu’à la mort, la chérissait comme une maîtresse ;  [p.134]
Cela fait réfléchir !

Impossible de trop en dire, sans dévoiler le suspens qui se noue au fil des pages. Aussi je vous engage à faire aussi ce voyage en Afghanistan, et à admirer ces paysages si bien décrit par l’auteur. Paysages, et aussi personnages, selon les tribus et les croyances !

Mon avis : 4/5
Un livre qui ne s'oubliera pas facilement !

le site du livre chez l'éditeur : 
http://www.laffont.fr/site/baad_&100&9782221189115.html 

Graphisme :
Couverture : Tim Robinson/Arcanger Images – Création graphique  Couverture :  Raphaelle Faguer

Pour en savoir plus
Éditeur : Robert Laffont
Coll. LA BÊTE NOIRE
ISBN : 2-221-18911-6
Parution : 4 Mai 2016
Format : 140 x 225 mm
Nombre de pages : 480
Prix : 21,50 €

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