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dimanche 23 août 2015

La Rentrée Littéraire 2015, "Funny Girl" Nick Hornby

Les années "soixante" de l'autre côté de la Manche, furent une vrai révolution. Un livre qui vient de sortir, vous fera revivre quelques années de notre jeunesse, pour ceux qui ont déjà des cheveux blancs. La B.B.C. chaîne radio nationale, vient de se lancer dans une nouvelle série d'émission. Un feuilleton radiophonique, qui tous les dimanches, faisait entrer un peu de rêve chez les auditeurs.


'Funny Girl" Nick Hornby
Ed. Stock
Quatrième de couverture :
      Dans les Swinging Sixties la nation tout entière est sous le charme de Sophie Straw, la nouvelle star de la comédie à succès de la BBC. Ça tombe bien, cette ancienne Miss Blackpool n’a qu’une ambition dans la vie : faire rire les gens. En studio comme à l’écran, l’équipe du feuilleton vit de grands moments. Les scénaristes, pour qui le genre comique est une religion, cachent tous deux un secret. Pur produit d’Oxbridge, le producteur est dévoué corps et âme à l’équipe en général et à Sophie en particulier. Quant à Clive, le premier rôle masculin, il a la tenace intuition que ce n’est qu’une parenthèse dans sa carrière… Lorsque la fiction rejoint la réalité de trop près et que le scénario épouse les péripéties de la vie, chacun doit faire un choix. Continuer ou changer de chaîne ? Une défense et illustration de la pop culture et du divertissement, pleine de fous rires et de tendresse.

Sujet
     Après les stars du cinéma, un nouveau phénomène de société semble vouloir gagner le pays. La B.B.C.  met sur les ondes quelques émissions « séries » dont les animateurs deviennent des vedettes. C’est une nouvelle ouverture pour des auteurs dont les pièces n’attirent plus les producteurs de théâtre, et pour des acteurs relégués parfois à prêter leur image à des promotions pour des produits ménagers, ou des savoureuses soupes industrielles, la publicité drainant des budgets nouveaux mais qui deviendront vite incontournable. Le feuilleton, et son heure de diffusion sur les ondes, va régir une grande partie de l’emploi du temps des familles, afin de ne rien manquer de ces instants de bonheur hebdomadaires. 
« Barbara vénérait Lucille Ball depuis le jour où elle avait découvert la  série  « I Love Lucy » : tout ce qu’elle ressentait et faisait trouvait sa source dans ce feuilleton. Chaque dimanche, pendant une demi-heure, le monde s’arrêtait de tourner et son père savait que, du début à la fin de l’épisode, il n’avait pas intérêt à  lui adresser la parole, ni même à froisser une page de journal, au risque de lui faire louper quelque chose. » [p. 19]
En Bref :
     Barbara, une jeune et jolie jeune fille, participe au concours de beauté annuel de la Miss locale, un peu contre sa volonté, parce qu’inscrite à ce concours par sa tante avec l’assentiment de son père. Pour eux, c’est un moyen de lui faire oublier ses rêves de partir tenter sa chance à Londres. Si elle gagne le prix, elle aura des obligations liées à ce titre, et pendant un an, sera managée par l’organisateur du Prix de Beauté  et devra oublier ses rêves, pour revenir à la réalité. 
Elle est élue Miss Blackpool, on lui place l’écharpe, sur les épaules. Cependant, cinq minutes lui suffisent pour lui confirmer que c’est le rêve de sa famille, mais pas le sien. Elle rend son écharpe. Aussi, quitte à faire souffrir les siens, il lui faut prendre le train pour Londres, et se réaliser par elle-même. 
      « Londres n’était pas plus compliqué que ça, du moment qu’on n’en attendait pas à monts et merveilles. » [p. 23]
     Elle trouve une chambre qu’elle loue pour deux semaines payées d’avance, puis un travail dans un grand magasin au rayon parfumerie. Puis, Marjorie du rayon chaussures dames, lui propose de devenir sa co-locataire. 
     Mais elle n’a pas de télé, et ne pas regarder son feuilleton hebdomadaire, commence à lui manquer. Elle fait donc un état des lieux de sa vie, cherchant le bon plan pour parvenir à pouvoir regarder la télé, le dimanche, jour de la diffusion du feuilleton « I Love Lucy ». 
Il faut avouer qu’elle ne sort pas, donc ne peut rencontrer personne. Même ses collègues du magasin, d’autres rayons elle ne les connaît pas beaucoup. Les choses doivent changer.
Puis le jour vient où elle rencontre enfin un producteur, qui décide de s’occuper de sa carrière, mais il lui faut défendre ses ambitions. Montrer qu’elle n’est pas qu’une silhouette agréable à regarder, qu’elle peut faire vivre un texte, même parfois lui donner plus de véracité que sur le papier.

     Comment parvenir à se préserver une « vie privée » quand son personnage semble tellement vivant et lui coller trop à la peau,  aux yeux du public.  Surtout lorsque, après quelques années de succès, la production décide d’arrêter une série. 
Que vont-ils devenir, tous les auteurs, qui ne vivaient souvent qu'à travers leurs textes à produire semaines après semaines ? Les comédiens, dont la vie semblait tellement inspirée parfois de leur rôle dans les feuilletons ? Comment organiser sa nouvelle vie, alors que l’ancienne tournait exclusivement autour de leur personnage ? 


Mon avis
     Nick Hornby semble avoir percé une partie des sentiments profonds de certains personnages types de la société de cette période des Sixties. L’histoire de cette Sophie Straw et de ses collègues qui doivent être comédien sur les ondes, mais aussi parfois aux yeux de tous. Lorsqu’ils sont reconnus dans un restaurant, ou un spectacle. Il faut rappeler que l’homosexualité si elle a toujours existé, n’était pas toléré. Certains choisissaient de se marier pour donner le change, même s’ils vivaient leur vie en marge. Il a fallu ces années pour voir évoluer les mentalités. 

Pour en savoir plus :
Éditeur : Stock
ISBN :  9782234079229
Date de parution : 19/08/2015
432 pages
Format : 135 x 215 mm
Prix : 23.00 €
Site du livre chez l'éditeur : http://www.editions-stock.fr/funny-girl-9782234079229 

La Rentrée Littéraire 2015, "Profession du père" Sorj Chalendon

     Août pas encore terminé, voici déjà les livres que nous proposent les éditeurs, pour la Rentrée Littéraire. Nous aurons donc de quoi oublier les jours pluvieux de l'automne, et froids de l'hiver. 
     J'ai envie de présenter une sélection de quelques livres lus, déjà. 

"Profession du père"  Sorj Chalendon
Editions Grasset
Quatrième de couverture :
     « Mon père a été chanteur, footballeur, professeur de judo, parachutiste, espion, pasteur d’une Eglise pentecôtiste américaine et conseiller personnel du général de Gaulle jusqu’en 1958. Un jour, il m’a dit que le Général l’avait trahi. Son meilleur ami était devenu son pire ennemi. Alors mon père m’a annoncé qu’il allait tuer de Gaulle. Et il m’a demandé de l’aider. 
Je n’avais pas le choix. 
C’était un ordre. 
J’étais fier. 
Mais j’avais peur aussi…
À 13 ans, c’est drôlement lourd un pistolet. » 

-=-=-
Sujet
     La vie quotidienne, (on devrait dire l’enfer) d’un enfant et de sa mère, tyrannisés par le chef de famille. Un homme obnubilé par les événements d’Algérie, qui ne supporte pas que l’Algérie Française, quitte la France et pense que de Gaulle l’a trahi. Le choc fatal, sur un esprit déjà dérangé. 

En Bref
     Recueillement : samedi 23 avril 2011. Dans la salle d’attente du funérarium, sa mère et lui, Emile, l’enfant jadis maltraité, attendent le cercueil du père. avant la crémation, pour un dernier adieu. Ils seront seulement deux, oui, lorsque la secrétaire pose la question en leur ouvrant la porte de la salle. Qui peut avoir envie de venir rendre un dernier hommage à cet homme ? Qui d’autres, malgré les horreurs qu’il leur a fait vivre, peut faire preuve de la dernière humanité, malgré tout, et venir, pour qu’il ne parte pas comme un chien. Cependant, il ne faut pas trop en demander à sa femme. Le strict minimum, une simple boîte ! 
« Je n’ai pas aimé le cercueil. C’était une simple caisse, un aggloméré de cellulose, un contre-plaqué à échardes, en emballage de carton.
Maman l’avait choisi.
- C’est pour le brûler, avait-elle dit. 
Elle avait raison. Pourquoi jeter au feu du bois de frêne, avec côtés galbés et couvercle en dôme ? Pourquoi du satin blanc et une plaque d’identité dorée ? Pourquoi la croix ? Tout cela n’avait aucun sens. Alors poignées en résine et plaque de boîte aux lettre.» [p. 7]

     Maintenant Emile, c’est un homme. Cela fait cinquante ans, que cette histoire a commencé :
Le Putsch - dimanche 23 avril 1961 ! Depuis le 23 avril 1961, le jour où son père est rentré à l’appartement, claquant la porte d’entrée, et s’écriant « C’est la guerre » !

     Emile, va nous raconter le quotidien de sa famille, son père leur faisant croire à tant d’histoires rocambolesques. Il faut se mettre à la place de cet enfant qui à chaque rentrée scolaire doit rapporter sa fiche d’identité à remplir et à signer par les parents. Et surtout la rubrique « Profession du père », que répondre ? D’où le titre du livre, car au fait quelle est la profession du père ? Il ne l'a jamais su. 

Mon avis
     Poignant ce récit, par lequel Sorj Chalendon, parvient à se servir de l’Histoire, la vraie, par des événements que ceux qui ont déjà les cheveux blancs se souviennent, comme élément déclencheur d’un drame familial. Un récit émouvant, qui nous emmène page après page, avec les mots du fils, simples qui tentent de tout excuser, et pardonner, malgré tout.
     Pendant cinquante ans, Emile, cet enfant, va subir et assister à la décrépitude de cet homme, à l’évolution de la maladie mentale. Le père se construit un monde, dans lequel il arrive à faire vivre aussi sa proche famille, mais également des individus qui l’entourent, jusqu'à un "soit-disant" médecin de famille, qui le soigne à distance ... Tellement sa manipulation montée patiemment, rend cet univers parfaitement réel ! Les événements politiques de l’époque doivent traumatiser tellement le commun des mortels, que toute cette paranoïa touche peut-être tout le monde.
     Un roman, qui fait réfléchir et poser quelques questions sur les relations humaines, le rôle des services sociaux à l'enfance, qui ne voit rien. 

*** Pour en savoir plus :
Éditeur : Grasset
ISBN : 9782246857136
Date de parution : 19/08/2015
Pages : 320 ; Format : 142 x 205 mm
Prix : 19.00 €

Le site de ce livre chez l’Éditeur : http://www.grasset.fr/profession-du-pere-9782246857136


mercredi 19 août 2015

La Rentrée Littéraire 2015, « Ce pays qui te ressemble » L'Egypte moderne cette fois ... racontée par Tobie Nathan.

"L’éternelle Egypte !" 

     J’étais en train de l’évoquer en rédigeant plusieurs publications sur mon blog. Le hasard veut qu’un livre sorte en août, nous parlant d’une Egypte plus contemporaine, mais déjà dans l’Histoire. Cette période de l’après Première Guerre Mondiale : 1925. Sur la quatrième de couverture je lis « Le Caire », évidemment j’ouvre le livre et commence la lecture des premières pages, pour voir, si je vais apprécier la prose de cet auteur Tobie Nathan que je ne connais pas. Tout l’art de raconter une page d’histoire de son pays, en évoquant des faits souvent méconnus du lecteur lambda.

"Ce pays qui te ressemble" Tobie Nathan. Ed. Stock.
Quatrième de couverture :
     C’est dans le ghetto juif du Caire que naît, contre toute attente, d’une jeune mère flamboyante et d’un père aveugle, Zohar l’insoumis. Et voici que sa sœur de lait, Masreya, issue de la fange du Delta, danseuse aux ruses d’enchanteresse, le conduit aux portes du pouvoir. Voici aussi les mendiants et les orgueilleux, les filous et les commères de la ruelle, les pauvres et les nantis, petit peuple qui va roulant, criant, se révoltant, espérant et souffrant.

Cette saga aux couleurs du soleil millénaire dit tout de l’Égypte : grandeur et décadence du roi Farouk, dernier pharaon, despote à l’apparence de prince charmant, adoré de son peuple et paralysé de névroses. Arrivée au pouvoir de Gamal Abdel Nasser en 1952 et expulsion des Juifs. Islamisation de l’Égypte sous la poussée des Frères musulmans, première éruption d’un volcan qui n’en finit pas de rugir… C’est la chute du monde ancien, qui enveloppait magies et sortilèges sous les habits d’Hollywood. La naissance d’un monde moderne, pris entre dieux et diables.

-=-=-

     Le Caire, en 1925, « Haret El Yahoud », la ruelle aux Juifs. 
Un voyage dans le temps, et dans l’espace géographique au détour des ruelles du Caire. Des univers bien définis  la Hara le quartier Juif, la ville arabe, la MédinaIsma’leya le quartier des riches, et des Européens, chacun habitant dans sa zone géographique, mais se rencontrant dans les cafés, ou pour les affaires. Car les gens se sentaient Égyptiens, même si certains n’ayant pas de passeport, ni de nationalité étaient apatrides. 

    Le style de l’auteur Tobie Nathan, nous donne l’impression de lire un de ces contes orientaux, avec tous ses mystères, ses sortilèges, ses couleurs, les parfums aussi évoqués, ces odeurs des rues du Caire, et des villes orientales, où se mêlent effluves de l’encens, odeurs des épices offertes aux passants en des pyramides colorées, et odeurs de crottin, laissées au passage d’une bête de somme, d’un âne bâté jusqu’à s’écrouler ventre à terre, au grand bonheur des mouches et d’un oiseau ayant repéré quelques graines ou morceau de paille mal digéré.   
« Elles reconnurent d’abord les odeurs, ce mélange d’épices et de crottin, les effluves de friture, mélangés aux relents d’égout. Ça sentait à nouveau l’Egypte, la vraie, celle qu’elles connaissaient, à l’odeur forte, étouffée par le sable. Puis le bruit ; les cris des marchands de légumes, le grincement des roues des charrettes, les sabots des chevaux sur les pavés ronds, le passage des chameaux sous le regard méprisant des ânes. … » [p.114]
En Bref :
     « Ce pays qui te ressemble », c’est la vie de certains individus, hommes et femmes, Égyptiens et autres, juifs, musulmans et chrétiens, qui cohabitaient en parfaite harmonie, avant que des événements extérieurs au pays, n’amène une grosse perturbation dans les esprits et dans la vie des gens. 
     Les traditions des Égyptiens, culinaires parfois, encore de mise au XXIe siècle. 
«Esther s’était levée avant soleil, comme tous les matins. Elle avait préparé le café à la lueur d’une bougie, un café noir, très noir, dans la kanaka, la petite cafetière à longue queue. Puis elle avait servi le foul. A l’aide d’une fourchette, elle avait écrasé les fèves bouillies en versant une lampée d’huile d’olive et y avait ajouté de petits morceaux  d’œuf dur. Elle approcha son visage ; ça sentait bon le matin heureux. Ce n’était pas tous les jours qu’ils pouvaient s’offrir des fèves et des œufs au petit-déjeuner. D’habitude, c’était une simple galette de pain et un bol de thé presque translucide. » [p. 11-12]  
     Ce sont les rues, les maisons, où vivent les héros qui seront les points de repère de l’histoire. Tout en suivant l'Histoire contemporaine de ce début du XXe siècle, nous verrons évoluer trois jeunes garçons de milieux différents qui ont grandi ensemble dans ces rues du Caire. Trois enfants, évoluant dans ces maisons du Caire. Zohar, Joe di Reggio et Nino. C’est leur vie qui sera la trame de ce livre. 
     Tobie Nathan, évoquera, au fil de ces rues, le passé de certaines personnalités importantes de l’Histoire de l’Egypte, car ces Hommes d’Etat, ont été des enfants, des jeunes hommes étudiants aussi. 

Mon avis
     « La magie de l’Orient » vient encore de frapper ! 

     J’ai appris beaucoup sur la famille du roi Fouad, et de sa descendance, jusqu’à Farouk, qui dut affronter la Seconde Guerre Mondiale, et la fameuse « Afrika korps »  l’armée de Rommel ! Sans parler de l’Angleterre qui se voyait bien rester en Egypte ! La diplomatie française aussi. 
     Un djinn devait se cacher entre les lignes, et tel celui de la lampe d’Aladin, il s’est échappé à force de caresser les pages …  Je crois que je vais poser ce livre sur ma pile de livre à lire et à relire, afin de pouvoir m’attarder sur certains passages et les étudier un peu plus en détail. 

Pour en savoir plus : 
Éditeur : Stock
ISBN 978-2-234-07822-2
Date de parution : 19 août 2015
540 pages ; 215 x 135 cm ; broché 

Graphisme : Coco bel œil

©Léon et Lévy /Roger Violet
Prix : 22.50 €