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dimanche 26 avril 2015

Voyage, voyage ... Venise n'est pas en Italie de Ivan Calbérac

     "Venise n'est pas en Italie", un titre un peu accrocheur, au premier abord. C'est vrai, lorsque je vois ce nom magique de Venise, sur un livre, je m'arrête, je le prends en main et regarde la quatrième de couverture, pour avoir une idée de ce que je vais trouver dans ce livre. Que peut-on encore dire sur la Sérénissime

"Venise n'est pas en Italie" Ivan Calbérac (Ed. Flammarion)

Quatrième de couverture
Lorsqu'on a 15 ans, qu'on vit à la sortie de Montargis, entre un père doux-dingue et une mère qui vous teint les cheveux en blond depuis toujours, parce que, paraît-il, on est plus beau comme ça, tomber amoureux de la fille d'un chef d'orchestre paraît une bien mauvaise idée. Quand la demoiselle lance une invitation à Venise car elle y donne un concert pendant les vacances de Pâques, l'Italie semble alors… si loin.
C'est l'histoire d'un enfant né dans une famille imprévisible et inclassable. C'est l'histoire d'un premier amour, face aux absurdités du monde des adultes. C'est l'histoire d'un voyage initiatique et rocambolesque où la vie prend souvent au dépourvu, mais où Venise, elle, sera au rendez-vous.
Un roman où l'humour le dispute à l'émotion, dans la lignée de La Vie devant soi, de Romain Gary, L'attrape-cœurs de J. D. Salinger, ou du film Little Miss Sunshine.

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L'histoire : 
     Deux adolescents Emile et Pauline se rencontrent, parce que lors d’un match de ping-pong avec un de ses copains, une balle lui échappe. Une jeune fille la ramasse et la lui rend, leur regard se croise, et pour lui, c’est un peu comme un coup de foudre ! (10/11)

« Pauline, je l‘ai rencontrée à l’internat des filles. Quand je dis «rencontrée », au début, ça a juste été un regard, mais parfois, ça suffit pour changer une vie. J’étais en train de jouer au ping-pong, parce qu’on a le droit d’y aller entre midi et 14 heures, et moi j’aime bien, j’ai été champion du Loiret par équipe, je peux jouer des heures sans jamais m’en lasser, et à force de faire quelque chose sans arrêt, on finit forcément par s’améliorer un peu. Bref, je jouais avec je sais plus qui, et la balle m’a dépassé, ou je l’ai ratée. Je me suis retourné, et là, une jeune fille brune aux yeux noirs, de quinze ans, qui portait un jean et un pull marin rayé, avec de gros boutons sur le côté, le long de l’épaule, jusqu’au cou, s’est agenouillé, a ramassé la balle, puis s’est redressée. Je l’ai trouvée belle tout de suite. Elle a un air sec, presque désagréable, lorsqu’elle ne sourit pas, mais qui disparaît totalement dès que son visage s’ouvre. J’ai eu l’impression de la connaître depuis toujours, c’est peut-être ça l’amour, se sentir incroyablement familier avec une inconnue. … Et Pauline, c’était sûr, elle était déjà là avant dans ma vie, mais où, je sais pas. » [p.10/11]
     Puis, au fil des jours, il y aura la découverte de leurs passions, les matches de tennis retransmis à la télé, nous sommes au mois de mars, (le tournoi de Monte-Carlo) leur goût en commun pour le cinéma, l’invitation à goûter chez Pauline, qui lui joue du violon, et lui annonce qu’il pourra l’écouter s’il veut venir à son concert à la Fenice de Venise ! 

     A part le fait que ses parents se débattent avec la municipalité de Montargis, pour obtenir un permis de construire, sur leur terrain. Ce qui les oblige à vivre un peu une vie de bohémiens, dans une caravane, sur ce même terrain. Le père VRP, habitant dans un studio à Paris, lui dort dans une chambre chez des voisins, dans un sous-sol à côté de la buanderie, seule la mère dort dans la caravane, le reste de ses journées il prend ses repas avec elle. Le père rentre le vendredi soir, il faut donc obtenir son accord pour qu’il puisse lui payer un billet de train jusqu’à Venise.  

« j’ai aussitôt été saisi d’une irrépressible  envie de pleurer, parce que y avait une générosité en eux grande comme l’océan Atlantique, et toute la beauté de leur cœur étincelait devant moi, à cet instant précis, ils me donnaient tout, une fois de plus, tout ce qu’ils avaient , ils me l’auraient offert, c’était ça la vérité quitte à se priver, ils faisaient passer mon confort avant le leur, et le plus incroyable, c’est qu’ils n’hésitaient pas une seconde. Bien sûr, je me suis retenu, c’est comme ça qu’on devient un homme, en dissimulant tout, et quand on joue à cache-cache, petit, c’est de l’entraînement pour plus tard. » [p. 83]
     Ce qui aux yeux d'Emile, devait être un voyage seul en train A/R pour Venise, invité par Pauline, puisqu'il y avait une chambre de libre dans l'appartement prêté par un ami de la famille, va se transformer en un argument prétexte à de multiples réflexions, où on n'accrochera pas seulement la caravane derrière la voiture ... Il ne faut pas oublier le grand frère qui entre en jeu juste au moment où toute la famille Chamolot entame le voyage. Car finalement tout le monde part pour Venise, l’arrangement pour le côté « coucher » chez la copine, finalement tombant à l’eau, car les cousins qui ne devaient pas venir, annoncent leur arrivée au grand désespoir de nos deux jeunes ados ! 

     En fait, tout ce qui semblait arriver comme un contre-temps, se révélera un facilitateur au bon aboutissement du voyage en temps et en heure, par exemple l'expérience de militaire, sachant lire une carte et ayant le sens de l'orientation ...

« On s’enfonçait dans la ville à grandes enjambées, sans prendre le temps de la visite. Mais malgré l’empressement, je fus saisi par une sorte d’émerveillement. Il y avait des ruelles, toutes piétonnes, et des canaux, surplombés par des ponts dont les marches vous achèvent, si vous commencez à faiblir, et puis soudain, sans prévenir une petite place avec une église, la porte grande ouverte, des terrasses de café, des arbres pour vous abriter du soleil, du linge aux fenêtres. C’était d’une beauté à couper le souffle. » [p. 197/198] 
     Evidemment, il y a trop de péripétie racontée dans ce "journal intime", prétexte à commentaires et réflexions diverses sur tout ce qui peut passer par la tête de chaque membre de cette histoire.

     Ce "voyage initiatique" des temps modernes, dans une Venise à peine vue, mais dont le nom seul évoque tant de romantisme depuis toujours, sera en plus d'une découverte de l'Amour, une redécouverte aussi de sa famille. 

« Et pendant un instant, alors qu’on chantait tous ensemble aussi fort qu’on pouvait, les fenêtres ouvertes, heureux sans savoir pourquoi, heureux au lieu d’être tristes, je me suis dit  que cette famille-là, sur laquelle j’étais tombé en naissant un soir d’octobre à 20 h 30, une quinzaine d’années plus tôt, eh bien j’aurais voulu l’échanger contre aucune autre dans tout l‘univers. Mais pendant un instant seulement. » [p. 274]
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Pour en savoir plus
Editeurs : Flammarion
ISBN : 978 2 0812 9965 8
pages : 284
date de parution : 11 mars 2015
Prix : 18.00 €

Pour information : 
     Pour ceux qui comme moi, au début se demandait le rapport avec "Venise n'est pas en Italie", voici les paroles de la chansons de Serge Réggiani 

paroles officielles {Venise n Est Pas En Italie}

Venise N'est Pas En Italie
paroles de Claude Lemesle

(Serge Reggiani)



T'as pas de quoi prendre l'avion ni même un train
Tu n'pourrais pas lui offrir un aller Melun
Mais tu l'emmènes
Puisque tu l'aimes
Sur des océans dont les marins
N'ont jamais vu la fin
Tu as le ciel que tes carreaux t'ont dessiné
Et le soleil sur une toile de ciné
Mais tu t'en fiches
Mais tu es riche
Tu l'es puisque vous vous aimez

Venise N'est Pas En Italie
Venise c'est chez n'importe qui
Fais-lui l'amour dans un grenier
Et foutez-vous des gondoliers
Venise n'est pas là où tu crois
Venise aujourd'hui c'est chez toi
C'est où tu vas, c'est où tu veux
C'est l'endroit où tu es heureux

Vous n'êtes plus dans cette chambre un peu banale
Ce soir vous avez rendez-vous sur le canal
Feux d'artifice
La barque glisse
Vous allez tout voir, tout découvrir
Y compris le Pont des Soupirs
Ça durera un an ou une éternité
Le temps qu'un dieu vienne vous dire "assez chanté"
Quelle importance
C'est les vacances
Tout ça parce que vous vous aimez

Venise N'est Pas En Italie
Venise c'est chez n'importe qui
Fais-lui l'amour dans un grenier
Et foutez-vous des gondoliers
Venise n'est pas là où tu crois
Venise aujourd'hui c'est chez-toi
C'est où tu vas, c'est où tu veux
C'est l'endroit où tu es heureux

Venise N'est Pas En Italie
Venise c'est chez n'importe qui
C'est n'importe où, c'est important
Mais ce n'est pas n'importe quand
Venise c'est quand tu vois du ciel
Couler sous des ponts mirabelles
C'est l'envers des matins pluvieux

C'est l'endroit où tu es heureux

Le roman historique ... sous la plume de Theresa Révay : "Tous les rêves du monde"

     A Paris, en octobre 1944, nous retrouvons Xénia, sa fille Natacha, Félix et Lilli, les enfants de Sara une amie juive de Max Von Passau. Période trouble depuis l’euphorie du Débarquement en juin 1944, les règlements de compte vont rendre les heures difficiles, pour tous ceux qui ont collaboré avec le régime de Vichy et les Allemands, contraints et forcés ou volontairement. Puis il va y avoir les dénonciations, anonymes le plus souvent, de ceux qui veulent nuire à certains, par jalousie ou par pure méchanceté. 


"Tous les rêves du monde" Theresa Révay - (Ed. Belfond)

Quatrième de couverture :
     Dans le prolongement de La Louve blanche, des personnages pris dans les tourments de l'Histoire. Au cœur des mensonges et des égarements d'une génération maudite, des adolescents osent partir en quête de leur vérité tandis que Max et Xénia tentent de recoller les morceaux d'une histoire d'amour tourmentée. Pour tous, c'est du chaos que viendra la renaissance, du désordre que naîtra l'espoir.


     Des décombres de Berlin aux gratte-ciel de Manhattan, des ravages de l'après-guerre à l'euphorie des années 1950, la trajectoire éclatante de quatre jeunes gens ambitieux.
     1945. Berlin dévasté est livré aux armées victorieuses. Malgré la présence des Soviétiques, Xénia Féodorovna Ossoline rejoint la capitale allemande, déterminée à retrouver Max von Passau, l'homme de sa vie. Mais le célèbre photographe n'est plus que l'ombre de lui-même. Rescapé d'un camp de concentration, ce résistant de la première heure au nazisme est hanté par les démons de la guerre. 
     Désormais, une nouvelle génération cherche sa voie parmi les ruines d'un monde perdu. Lorsqu'on a été élevé dans l'adulation du Führer, comment admettre que son père est un criminel nazi ? Et que peuvent espérer deux jeunes juifs dont les parents ont été assassinés par les SS ? Si Félix lutte pour récupérer la maison Lindner, le grand magasin berlinois aryanisé par les nazis, sa sœur rebelle ne songe qu'à la vengeance. Quant à Natacha, la fille de l'énigmatique Xénia Ossoline, elle découvre que sa mère lui ment depuis toujours. 

     Liés par le destin enchevêtré de leurs familles, ces adolescents partent en quête de la vérité, au cœur des traîtrises et des égarements de leurs aînés. En cette époque troublée, le bonheur est un défi à relever pour les uns et les autres. C'est pourtant du chaos que viendra la renaissance, et du désordre que naîtra l'espoir.

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Mon avis :
     Alors qu'à Paris, en octobre 1944, Xenia, pour la première fois va mentir à sa fille, et lui dire que son père est mort d’une crise cardiaque. Comment lui annoncer que Gabriel s’est suicidé, après l'avoir menacée elle-même, sa femme et les motifs de son geste ! Va-t-elle pouvoir la préserver, comme lorsqu’elle était une enfant ? 
L’Histoire va se charger de remettre les vérités sur le devant, et plus personne n’y peut rien. 
A Berlin, en mai 1945, c’est Axel Eisenschacht qui croit mourir, dans une rue de Berlin, blessé sous un bombardement. Sa mère Marietta, est à sa recherche. A Berlin, le point de rencontre possible l’hôtel Adlon. 
"Des trous d’obus parsemaient l’avenue Unter den Linden, mais l’hôtel Adlon s’élevait  parmi les immeubles déchiquetés, solide et rassurant, presque intimidant  avec le mur de protection qui le ceinturait jusqu’au premier étage. Axel  éprouva une bouffée de reconnaissance. Soudain l’image de sa mère s’imposa à lui. « L’Adlon, c’est l’une de mes plus belles histoires d’amour !» disait-elle en riant. Elle l’y avait souvent emmené avant la guerre." [p. 73]

     La ville est divisée par les vainqueurs du Troisième Reich, d’un côté les Russes, qui auraient bien voulu profiter de leur victoire pour avoir la mainmise sur toute la ville et y continuer leur politique. De l’autre les Occidentaux, Américains, Anglais et Français qui ont faillit être les oubliés.

     Puis, New-York, va-t-il offrir enfin un nouveau départ dans la vie, à ceux qui oseront franchir le pas et l'océan vers le nouveau monde ?

     Theresa Révay, nous replace dans notre Histoire, grâce à Xénia, "La Louve blanche",  et presque tous les personnages de son livre précédent. 
     
     Une fresque passionnante que je recommande, les vacances approchant, il est temps de préparer sa pile de livres à lire ! 

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Plus de renseignements sur le livre :
Editeurs : Belfond
ISBN : 978 2 7144 4401 1
pages : 447
Date de parution : mai 2009
Prix : 22.00 €


Vidéos :
    Pour voir Theresa Révay vous expliquer comment elle écrit, et ce qui lui a donné l'idée de ce livre, je vous invite à regarder une petite vidéo présentée sur sa page consacrée chez son éditeur Belfond : http://www.belfond.fr/site/la_louve_blanche_&100&9782714442543.html


D'autres romans historiques de Theresa Révay :
L'Ombre d'une femme, Editions La Table Ronde, (1988)
l'Ouragane, Tsuru Editions, (1990)
Valentine ou le Temps des adieux, Editions Belfond (2002) Editions Pocket (2004)
Livia Grandi ou le souffle du destin, Editions Belfond (2005) Editions Pocket (2007)

vendredi 24 avril 2015

Une page d'un livre d'Histoire, difficile à refermer... Cent ans après ... le génocide arménien.

Une période difficile à évoquer encore pour certains. Pour réfléchir un peu sur le sujet, je ne peux que vous proposer de regarder le documentaire diffusé sur France 24, dans la rubrique REPORTERS, et en particulier vers 15'20 ; Fethiye CETIN, une avocate descendante d'une famille arménienne, a eu la révélation de sa propre grand-mère de son origine arménienne. 

Une page musicale, pour commémorer un grand compositeur arménien Aram Khatchtourian regardez la vidéo : http://culturebox.francetvinfo.fr/live/musique/musique-classique/aram-khatchatourian-6-juin-1903-1-mai-1978-218159

documentaire : 

     
Une belle lecture dont on parle dans ce reportage : 

"Le Livre de ma grand-mère" Fethiye ÇETIN
Editions Parenthèses


Quatrième de couverture :


Toute une vie invisible… 

C’est dans son grand âge que cette grand-mère adorée choisit de partager son secret et de transmettre « l’inoubliable ». 
« Mes enfants, n’ayez pas peur des morts, ils ne peuvent pas vous faire de mal. Le mal vient toujours des vivants, pas des morts », disait Héranouche Gadarian devenue Seher, la grand-mère de Fethiye Çetin qui écrit ce livre pour « créer une brèche dans le mur et permettre l’écoute, pour ouvrir le cœur et la conscience des gens en Turquie ». Dans ce pays où, dès que l’on aborde le sujet du génocide de 1915, tout se fige et une atmosphère de peur s’installe, il lui était impossible de raconter sa véritable histoire, dévoiler ses origines arméniennes, révéler dans quelles circonstances elle avait été enlevée par un soldat turc alors qu’elle avait à peine dix ans. 
C’est donc sa petite-fille, avocate engagée dans le combat pour la justice et la liberté, qui sera dépositaire de cette vérité enfouie : « En me révélant son histoire, elle a transmis ce poids sur mes épaules... et même si c’est très difficile, je considère que c’est une chance pour moi de connaître la vérité, je ne veux pas laisser ce problème aux générations suivantes. » 
Fruit de longs et multiples entretiens familiaux, ce témoignage tout en tendresse et douleur contenue a marqué une rupture dans la mémoire collective turque face à la version officielle imposée depuis tant d’années : il est passé de main en main, a été réédité une dizaine de fois, traduit dans de nombreuses langues. 
En postface, le récit de la restauration des fontaines de Havav, village natal de sa grand-mère, que Fethiye Çetin a réussi à mener à bien après le choc provoqué par la publication de son livre.

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Mon avis :
     A peine refermé ce livre, à la fin de sa lecture, je laissais échapper un profond "Oh !"
Car, on ne peut que rester sans voix à la découverte de ce beau récit. 

     Certains se creusent la tête pour chercher des histoires poignantes à inventer pour trouver le thème de leur livre, pour Fethiye ÇETIN, ce ne fut pas le cas. L’histoire était toute trouvée grâce à  cette grand-mère, silencieuse, douce, mais qui a toujours en elle cette force, cette énergie, cette intelligence tranquille qui fait bouger les situations, alors que tout le monde semble à court d'idées, et n’y pense pas. 

     Lorsque Heranouche, sa grand-mère lui prend les mains alors qu’elles sont seules, c’est qu’elle a décidé qu’il était temps de parler, de lui ouvrir les portes de sa mémoire, pour transmettre, révéler le secret de sa vie. Il lui faudra du temps, pour raconter à sa petite fille toute son histoire ; l’histoire de cette famille, et de quelques autres de ce village.


"Mes enfants n'ayez pas peur des morts, ils ne peuvent pas vous faire de mal. Le mal vient toujours des vivants, pas des morts."

     Mais je ne veux pas dévoiler trop des souvenirs qui resurgissent à chaque page de cet émouvant témoignage, que Fethiye ÇETIN a illustré de photographies de sa grand-mère, comme pour la rendre encore plus inoubliable. 

     Un récit émouvant, raconté avec des mots simples dont je ne peux que conseiller la lecture. J’aimerai remercier Fethiyé  ÇETIN d’avoir pris la plume pour nous avoir si bien évoqué cette émouvante histoire de sa famille.
http://editionsparentheses.com/le-livre-de-ma-grand-mere

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Plus d'information :
Traduit du turc par Marguerite Demird,
ISBN : ISBN 978-2-86364-282-5
Editions Parenthèses
Collection Diasporales
128 pages,
Date de parution : novembre 2013
Prix : 18.00 €

jeudi 23 avril 2015

23 avril : Journée mondiale du livre !





Journée mondiale du livre et du droit d'auteur 2015


La Journée mondiale du livre et du droit d’auteur est l’occasion de reconnaître le pouvoir des livres pour améliorer nos vies et de les soutenir, ainsi que ceux qui les produisent.

En tant que symboles mondiaux du progrès social, les livres – l’apprentissage et la lecture – sont devenus des cibles pour ceux qui dénigrent la culture et l’éducation, et qui rejettent le dialogue et la tolérance. Ces derniers mois, nous avons assisté à des attaques contre des enfants à l’école ainsi qu’à des autodafés de livres. Dans ce contexte, notre devoir est clair : nous devons redoubler d’efforts afin de promouvoir le livre, le stylo, l’ordinateur, ainsi que toutes les formes de lecture et d’écriture, pour lutter contre l’analphabétisme et la pauvreté, construire des sociétés durables et renforcer les fondements de la paix.

L’UNESCO joue un rôle de chef de file dans la lutte contre l’analphabétisme, qui sera un élément crucial des objectifs de développement durable pour l’après-2015. L’alphabétisation est la clé du savoir. Elle est essentielle à l’estime de soi et à l’autonomisation. Les livres, sous toutes leurs formes, jouent ici un rôle fondamental. Avec 175 millions d’adolescents dans le monde – dont une majorité de filles et de jeunes femmes – incapables de lire et d’écrire une seule phrase, l’UNESCO s’attache à mobiliser les technologies de l’information et de la communication, en particulier les technologies mobiles, afin de favoriser l’alphabétisation et d’offrir aux exclus une éducation de qualité.

Les livres sont des plates-formes inestimables pour la liberté d’expression et la libre circulation de l’information, qui sont des composantes essentielles de toutes les sociétés aujourd’hui. L’avenir du livre en tant qu’objet culturel est inséparable du rôle de la culture dans la promotion de voies de développement plus durables et inclusives. Par le biais de sa Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, qui célèbre son 10e anniversaire cette année, l’UNESCO cherche à promouvoir la lecture auprès des jeunes et des groupes marginalisés. Nous collaborons avec l’Union internationale des éditeurs, la Fédération internationale des libraires et la Fédération internationale des associations de bibliothécaires et des bibliothèques afin d’encourager les carrières dans l’édition, les librairies, les bibliothèques et les écoles.

C’est dans cet esprit qu’Incheon, en République de Corée, a été désignée Capitale mondiale du livre 2015, en reconnaissance de son programme visant à développer la lecture auprès de la jeunesse et des publics défavorisés. Cette désignation prend effet lors de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, et sera célébrée avec les participants de la précédente ville titulaire, Port Harcourt, au Nigéria.

Avec Incheon et l’ensemble de la communauté internationale, rassemblons-nous pour célébrer les livres, dans lesquels s’expriment la créativité, le désir d’échanger des idées et connaissances et de promouvoir la compréhension, le dialogue et la tolérance. Voici le message de l’UNESCO en cette Journée mondiale du livre et du droit d’auteur.


Message de Mme Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO, à l’occasion de la Journée mondiale du livre et du droit d'auteur

Comme on peut le voir sur cette carte publiée par la page consacrée par l'UNESCO, il y a encore des pays où le Livre, et les manifestations culturelles sont trop absentes ! 

https://wbcd2015.crowdmap.com/main?l=fr_FR

Bonnes Lectures ! 

mercredi 15 avril 2015

Le roman historique ... sous la plume de Theresa Révay "La Louve blanche"

     Bien avant « L’Autre rive du Bosphore » Theresa Révay avait déjà publié quelques romans historiques, tous aussi passionnants. Si vous appréciez ce style de littérature, je vous incite à découvrir les vies des personnages qui évoluent entre la Russie en pleine révolution, Berlin et Paris, dans cette période de fin de Première Guerre mondiale jusqu'à la Deuxième dans 

 « La Louve blanche » 

"La Louve blanche" Theresa Révay - (Ed. Belfond)

Quatrième de couverture :
Des années 1920 aux années 1940, de Paris à Berlin, le destin tourmenté d'une jeune Russe blanche. Au cœur d'une Europe en proie à la montée des totalitarismes, une passion orageuse entre une femme libre qui triomphe de l'exil et de l'adversité, et un artiste de ferveur et de talent. Éblouissant.

De Paris à Berlin, des années 1920 aux années sombres de la guerre, une histoire de désir et d'amour entre une femme libre qui triomphe de l'exil, et un artiste de ferveur et de talent. 
Chassée de Saint-Pétersbourg par la révolution bolchevique, une jeune Russe blanche, Xénia Ossoline, se réfugie à Paris pour protéger les siens. Elle y découvre le monde de la haute couture en pleine effervescence des années folles. Sa rencontre avec le séduisant photographe allemand Max von Passau bouleverse son existence. Au cœur d'une Europe en proie à la montée des totalitarismes, ils vivent une passion orageuse. La prise de pouvoir d'Adolf Hitler incite les Allemands intègres à entrer en résistance au péril de leur vie. Artiste renommé, Max apporte un soutien sans faille à l'un de ses anciens amours, une jeune juive propriétaire d'un grand magasin berlinois. Mais derrière les masques policés et les mondanités nazies des années 1930, la guerre se profile... 
Alors que l'Histoire s'accélère, Xénia et Max sont confrontés à des choix dramatiques. Leur quête de lumière triomphera-t-elle des ténèbres de cette époque sans merci ? 

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Mon avis :
     L’histoire commence à Petrograd, en février 1917, Xénia sera la reine de cette journée, dans une belle toilette de chez Anna Grigorievna Gindus, une couturière ayant fait son apprentissage  chez Jeanne Paquin à Paris. Toute la famille, les amis  vont fêter son anniversaire; quinze ans ! Une sortie au théâtre Alexandrinski pour voir La Mascarade, une pièce de Lermontoff, puis une grande réception chez ses parents  le général  Féodor Sergueïevitch et sa femme Nina Petrovna. Les derniers souvenirs heureux de son enfance qui reviendront souvent en sa mémoire.

     Bien vite, les événements vont se précipiter… Sa mère vient de donner naissance à son dernier enfant, Cyrile,  après l’assassinat de son père. La Révolution s’étend en Russie, les voilà obligés de partir, de quitter le pays, on se doute dans quelles conditions. Voilà Xénia qui va devenir adulte si vite, se mettre en quête d’un moyen de fuir, pour mettre à l’abri sa famille, avec Sacha, son oncle maternel, un militaire valeureux qui n’admet pas de devoir fuir, au lieu de se battre encore, contre des Russes comme lui, cette fois. 
Enfin arrivés à Odessa, en février 1920, Xénia est obligée d’endosser la responsabilité de toute sa famille, car Sacha a décidé de rester se battre, avec les derniers fidèles au tsar. Xénia est furieuse, mais comme à son habitude, elle serre les poings. 

« C’est une louve, avait-il pensé, impressionné par sa détermination et son courage. Une louve blanche, souveraine, qui donnerait sa vie pour défendre les siens. Et c’est la raison pour laquelle il avait pu la laisser partir. » [p.361]


 Un autre personnage, Max Van Passau, deuxième fils de la famille, passionné de photographie, qui souhaite faire de cette passion son futur métier. Au grand dam de son père, qui aurait souhaité qu’il devienne son successeur dans les affaires, puisque son grand frère, l’aîné, a été tué en pilotant son avion pendant la guerre. 
Paris, Avril 1925, nous retrouvons  Xénia, à Paris, vivant pauvrement, sous les toits dans une petite chambre.  Pour survivre, comme beaucoup de femmes de la haute société russe, obligée de fuir les bolchevicks, elles font de la couture à domicile, ou chez une comtesse russe, qui a ouvert un atelier, fournissant les grands couturiers en broderies luxueuses.  Jusqu’au jour où un grand couturier la remarque, et trouve en elle la femme type qu’il souhaite pour son mannequin vedette. 
Après quelques hésitations, elle acceptera, car le nouveau salaire, lui permettra de mettre de l’argent de côté  pour les futures études de sa sœur et de son frère.  

     Voici donc le cadre de ce roman posé, nous mettant en scène les vies d’une famille exilée russe et de familles allemandes vivant ces années d’après guerre, acceptant avec difficulté et effroi  les changements qui se profilent à l’horizon. Certains ne croyant pas ce que d’autres, un peu plus clairvoyants leur annonçaient.

« Des familles ont été détruites, des existences brisées, mais la guerre leur fournissait des élans, des enthousiasmes. Désormais, beaucoup se sentent orphelins d’un idéal et ils s’ennuient. Ils ressassent des rancœurs que les signataires des traités  ont été aveugles et avides pour entretenir.  Et tôt ou tard, je redoute que quelqu’un ne vienne leur en proposer un autre. » [p.162]
     Un livre comme un coup de poing, qui nous rappelle qu’il faut toujours rester vigilant !

« Je viens aussi de lire un livre qu’il ne faudrait parcourir qu’avec des gants, tant il dégouline de haine et de fanatisme. » [p. 163]

Dans "Tous les rêves du monde" nous pourrons retrouver la génération suivante, qui était enfant pendant le début de la seconde guerre monde.
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Plus de renseignements sur le livre :
Editeurs : Belfond
ISBN : 978 2 7144 4454 3
Pages : 490
Date de parution : mars 2008
Prix : 20.00 €

[réédité aux éditions Pocket]


Vidéos :
    Pour voir Theresa Révay vous expliquer comment elle écrit, et ce qui lui a donné l'idée de ce livre, je vous invite à regarder une petite vidéo présentée sur sa page consacrée chez son éditeur Belfond : 


D'autres romans historiques de Theresa Révay :
L'Ombre d'une femme, Editions La Table Ronde, (1988)
l'Ouragane, Tsuru Editions, (1990)
Valentine ou le Temps des adieux, Editions Belfond (2002) Editions Pocket (2004)
Livia Grandi ou le souffle du destin, Editions Belfond (2005) Editions Pocket (2007)

mardi 7 avril 2015

Le roman historique ... sous la plume de Theresa Révay ! "L'Autre Rive du Bosphore"

     Il y a quelques années, en parcourant le catalogue des publications des Editions Belfond, je fus accrochée par le titre et la couverture* d'un roman, évoquant aussitôt pour moi, les souvenirs d’un voyage en Turquie en septembre 1968, aussi quelques lectures signées Pierre Loti, (« Aziyadé », « Les Désenchantées du Bosphore »). L'époque à laquelle se déroulait l'intrigue, retint également mon attention car nous arrivions au Centenaire de la Grande Guerre, un de mes grands oncles "Mort pour la France" ayant combattu aux Dardanelles, j'étais curieuse de tous documents évoquant cette période.
*conception graphique originale © Antoine du Peyrat, d’après une photo de la Mosquée bleue © Tolga Tezcan.

"L'Autre Rive du Bosphore"


"L'Autre Rive du Bosphore", Theresa Révay (Ed. Belfond)

Quatrième de couverture :
     Une histoire d'amour entre Orient et Occident, tandis que l'Empire ottoman agonise.

     Dans la ville mythique de Constantinople occupée par les Alliés en 1918 se croisent une famille turque confrontée à la fin d'un monde, un aventurier allemand, des réfugiés russes flamboyants, un officier français à la dérive. Et, alors que la Turquie nouvelle émerge des cendres des splendeurs ottomanes, une jeune femme découvre le goût de l'indépendance et de la liberté.

Novembre 1918. Istanbul, la ville mythique, est soumise à l'occupation intraitable des Alliés, vainqueurs de la Grande Guerre. Sur les rives du Bosphore, entre Orient et Occident, des choix douloureux s'imposent. 

     Leyla Hanım est la jeune épouse d'un secrétaire du sultan Mehmet VI. Sa belle-mère, une esclave circassienne affranchie du sérail impérial, l'oblige à respecter les coutumes ancestrales. Mais, lorsque leur demeure est réquisitionnée par un officier français et sa famille, cette vie bien ordonnée vole en éclats. De son côté, le capitaine de frégate Louis Gardelle ne résiste pas aux sulfureuses tentations de la cité cosmopolite où affluent les Russes blancs fuyant la révolution bolchevique. Pour les Turcs qui se refusent à la désintégration de leur pays, l'heure est à la résistance. Encouragée par son frère, Leyla s'engage dans la lutte malgré sa peur de l'inconnu et la position de son mari. Sa rencontre avec Hans Kästner, un archéologue de Berlin fidèle au général Mustafa Kemal, bouleverse son existence. L'Anatolie des rebelles devient alors le décor d'un amour interdit. 

À la lueur des révolutions et à l'aube d'un monde moderne, la Turquie nouvelle émerge des cendres ottomanes, tandis qu'une jeune femme découvre le goût parfois amer de l'indépendance et de la liberté.

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Mon avis :
    
     Novembre 1918, Istanbul vit la fin de la Grande Guerre. Les Alliés (France, Grande-Bretagne, Italie, Grèce,) se partagent la ville, afin d’y loger le commandement de la flotte qui gère de Bosphore. Chaque grande maison, est réquisitionnée pour loger les gradés. Ce qui n’est pas sans causer de grandes perturbations, dans une demeure de Stambul  où les femmes et les hommes vivent dans des parties séparées.

     Chez le secrétaire du Sultan Mehmet VI, c’est un capitaine de frégate français, Louis Gardelle, qui doit occuper cette belle demeure. Comme nombres d’occidentaux, il a succombé après un séjour au Maroc, au charme de l’Orient. 
« Louis Gardelle tentait de refréner une excitation puérile afin de demeurer digne en présence du chauffeur et de l’interprète, mais elle était plus forte que lui et il pressait son nez contre la vitre de la voiture pour admirer les coupoles et les minarets se découpant sur le ciel bleu. Constantinople ! Enfin ! » [p.41]

Mais aussi, parfois, dans ces grandes maisons de l’aristocratie Stambouliote, l’esprit révolutionnaire qui prépare cette nouvelle Turquie semble être un objectif à atteindre par quelques jeunes esprits de la famille. 
A commencer par la femme du secrétaire du Sultan, Leyla Hanin, femme partagée entre les traditions, et cet esprit de modernité, maîtrisant parfaitement le français, ainsi que son jeune fils, qui lui fait aimer lire et posséder une magnifique bibliothèque. 
« Quand elle avait appris qu’Orhan avait trahi son secret en montrant le journal à l’archéologue, elle lui en avait voulu. « Mais je suis fier de toi ! » s’était exclamé son frère. Elle avait alors découvert combien il était stimulant de confronter ses réflexions à celles d’un homme cultivé. Jamais elle n’avait eu cette complicité intellectuelle avec Selim. Elle appartenait à cette génération de femmes à qui l’on avait appris les trésors de la logique et du raisonnement, éveillant dans leur esprit des appétits nouveaux, tout en continuant à les destiner à une vie d’abnégation. A vingt-cinq ans, Leyla se sentait de plus en plus écartelée entre deux conceptions du monde. Pour être heureuses, aurions-nous dû rester orientales de pensée comme nous le sommes de cœur ? » [p. 135]
Cette nouvelle Turquie, effectivement prend ses sources avec la fin de la première Guerre Mondiale. Je ne peux dévoiler, dans cette présentation, toute l’histoire de cette famille, même si chacun connaît l’Histoire avec un grand H de la Turquie. Cependant, je recommande vivement la lecture de ce « roman historique », afin de comprendre un peu mieux, les aboutissements de cette crise existentielles entre Orient et Occident.

     L'auteure, Theresa  Révay nous démontre un talent parfaitement maîtrisé. Après des mois de travail de recherche, fait plusieurs voyages pour vérifier les lieux sur place, elle rencontre des spécialistes et des témoins. Puis vient la rencontre avec les personnages qui, dans tous son livre, vont évoluer pendant que se déroulent des événements historiques indiscutables. Des êtres attachants, qui devront affronter  des crises personnelles et tous les bouleversements  politiques qui vont faire de cette Turquie un pays en effervescence.

Pour la vie des femmes également, en Turquie, cette période va provoquer une vraie révolution. 

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Plus de renseignements :
Éditeur : Belfond 
ISBN : 978 2 7144 5482 9 
pages : 416.
date de parution : octobre 2013

     Je vous souhaite une très bonne lecture.
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Présentation du livre par l'auteure :

     

[Ajoutée le 6 déc. 2013
Thérésa Révay vous présente son ouvrage "L'autre rive du Bosphore" aux éditions Belfond.
http://www.mollat.com/livres/revay-th...
Notes de Musique : 02 The Istanbul Clan (Wave Ya Mitrahs in da Air) (by Digi G'Alessio). Free Music Archive.]
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Dernières nouvelles :
 "Theresa Revay 
Lauréate du prix du roman historique Historia 2014 
        pour "L'autre rive du Bosphore"

Historia a révélé les lauréats du prix Historia 2014. 
L'autre rive du Bosphore, de Theresa Revay a reçu le prix du roman historique !

Délicieuses histoires de notre gastronomie, de ses "Arts de la Table" nouvelle saga de la dynastie de Quentin du Mesnil : Tome 2 "De Sang et d'or" de Michèle Barrière



"De sang et d'or" - Michèle Barrière. (Ed. Le Livre de Poche)



Quatrième de couverture :
Juin 1520 : François Ier et Henri VIII s'apprêtent à signer un traité de paix au camp du Drap d'or, près de Calais. Pour Quentin du Mesnil, le maître d’hôtel de François Ier dont nous avons fait la connaissance dans Le Sang de l’hermine, c’est l’occasion rêvée pour briller lors des fêtes et des festins. Pourtant le climat reste tendu entre Français et Anglais, un rien mettrait le feu aux poudres. Et les occasions ne manquent pas : meurtres étranges, disparitions de victuailles côté français et… visite de Charles Quint à Henri VIII juste avant sa rencontre avec François Ier. Thomas More, conseiller du roi d’Angleterre, semble jouer un rôle dans tous ces événements. Au fil des découvertes macabres, plus de doute pour Quentin : c'est bien son livre, L'Utopie, qui guide la main assassine. De sang et d’or ne déroge pas à la règle des romans de Michèle Barrière : enquête policière et gastronomie y font bon ménage.

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     Voici la suite des aventures de Quentin du Mesnil, dans ce titre « De Sang et d’or » Michèle Barrière va raconter les préparatifs de cet événement voulu par François 1er, pour recevoir Henri VIII, Roi d'Angleterre, l’autre roi de l’Europe, en vue déjà, de tenter de former une puissance capable de contenir Charles Quint.
     Dans un article « Le camp du drap d’or » sur un site   « mémoire du Pas-de-Calais », <http://memoire.pas-de-calais.com/index.php/fr/avant-le-xxe-siecle/camp-drap-or.html> on nous explique l’entrevue du Camp du drap d’or, qui se déroula du 7 au 24 juin 1520 :
"L'entrevue du Camp du drap d'or : 7-24 juin 1520
Afin de faire face à la puissance de plus en plus importante de son rival Charles Quint, le roi de France François Ier, cherche à persuader Henri VIII, roi d'Angleterre, de s'allier avec lui.
Les deux rois se rencontrent, en juin 1520, entre Boulogne et Calais. Cet épisode est connu sous le nom de l'entrevue du « Camp du drap d'or ». Mais Henri VIII refusa l'offre de François Ier et préféra s'allier avec l'empereur Charles Quint.
 Le nom donné à cette entrevue vient peut-être de celui de la petite vallée, appelée le Val Doré, entre Guînes et Ardres, dans laquelle elle s'est déroulée. Plus probablement, il s'explique par la somptuosité des étoffes qui ont servi à confectionner les tentes élevées sur place et le luxe des vêtements des rois et de leur suite.
 Cette rencontre avait un enjeu diplomatique : il s'agissait de resserrer les liens entre la France et l'Angleterre. Les deux rois vont négocier eux-mêmes dans une vaste tente spécialement aménagée au centre du Val Doré puis laissent les jours suivants travailler leurs diplomates.
La rencontre a aussi une dimension festive et symbolique : de splendides fêtes sont organisées, avec des joutes, des tournois, des combats à pied, des banquets. Au cours de ces festivités, chaque roi tente de surpasser l'autre en magnificence, en vaillance, en générosité, en courtoisie."

     Si le Roi de France et ses conseillers doivent tenter de convaincre Henri VIII, Quentin du Mesnil, lui  aussi mène ses combats, pour réussir le défit qui lui est posé. Il lui faut vaincre les obstacles que l’adversaire pourrait mettre sur son chemin. Je dirais même les adversaires, car dans son propre camp, il doit se méfier de certains qui ne seraient pas mécontents de le voir échouer dans sa tâche, sa proximité avec François 1er et certaines personnes proches de la Cour faisant des jaloux. 

     Comme à son habitude, ses lecteurs apprécient, Michèle Barrière n’oublie pas de nous proposer quelques recettes, extraites des livres de cuisine ayant cours à l’époque, adaptée aux mesures contemporaines. Libre à vous de tenter l’expérience. 


Il faut venir la voir lorsqu'elle propose ses cours de cuisine adaptée, lors de différents Salon du livre. Un prochain en vue pour les Parisiens, le salon du Livre en Poche de Saint-Maur, fin juin 2015, à confirmer prochainement...

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Pour en savoir plus :
Éditeur : Le Livre de Poche 
Éditeur original : JC LATTES
ISBN : 9782253175902
pages : 312
Date de parution : 05 février 2014
Prix TTC : 7.10 € 

samedi 4 avril 2015

Délicieuses histoires de notre gastronomie, de ses "Arts de la Table" nouvelle saga de la dynastie de Quentin du Mesnil

La Saga de la dynastie de Quentin du Mesnil 
Tome 1 "Le Sang de l'hermine"  
Michèle Barrière (Ed. Le Livre de Poche) 

Quatrième de couverture :

     Quentin du Mesnil, un jeune hobereau normand, compagnon d’enfance et maître d’hôtel de François Ier, est chargé d’aller chercher Léonard de Vinci en Italie et de le ramener à Amboise. En échange de ses bons et loyaux services, il se verra confier les rênes du chantier de Chambord où le monarque rêve d’élever un château digne de lui. Léonard, qui s’est engagé à venir à la cour de France, renâcle pourtant à l’idée de partir. La mission de Quentin, en apparence des plus innocentes, tourne vite au cauchemar, d’autant que certains semblent en vouloir à la vie du peintre. Premier opus d’une nouvelle fresque historique, Le Sang de l’hermine nous plonge dans les glorieux débuts du XVIe siècle – intrigues politiques et fêtes royales s’y mêlent aux ingrédients coutumiers des livres de Michèle Barrière : sauces, tartes, rôtis, poissons et pâtés – et se conclut par quelques savoureuses recettes tirées de livres d’époque.
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     Michèle Barrière, inaugure avec « Le Sang de l’hermine » une nouvelle saga. L’histoire de la dynastie du maître d’hôtel Quentin du Mesnil

     François 1er, avant d’être roi de France, a passé son enfance avec deux jeunes de son âge, Quentin du Mesnil et sa sœur Mathilde. Sa venue sur le trône ne fut qu’un jeu du hasard.
"1516. Un jeune homme de vingt-deux ans règne sur la France. Grand, beau, intelligent, cultivé, tout lui sourit. Pourtant, rien ne destinait François d’Angoulême, duc de Valois, à devenir roi. Il a fallu que Charles VIII et Louis XII meurent sans héritier mâle pour qu'il accède au trône." [p. 9]

     Dans ce premier tome, François 1er, grand admirateur de Léonard de Vinci, a demandé à cet artiste de génie de venir s’installer en France, afin de terminer ses travaux. 
« Il n’est pas question que Léonard de Vinci m’échappe, reprit le roi. C’est le plus grand artiste et le meilleur philosophe de tous les temps ; il sera un ornement primordial pour le royaume de France. » [p. 41] 
Il lui ouvrira tout crédit pour ses recherches, et lui demande également de construire le nouveau château qu’il souhaite le plus beau, Chambord.  Léonard lui ayant fait savoir qu’il acceptait, François est inquiet de ne toujours pas le voir arriver sur ses terres. Il mandate Quentin du Mesnil, en qui il a toute confiance, pour partir au devant de lui, à sa recherche, et de l’escorter jusqu’à Amboise.

     Lors du dernier repas avant son départ, Quentin constate le laisser-aller de l’agencement de la salle du repas, du linge, de la préparation des plats. Lui qui, lors d’un dernier voyage en Italie, a pu constater le raffinement, l’élégance d’un souper servi chez nos voisins Italiens. Il se dit qu’il se doit de changer les us et coutumes qui prévalent à la cour du roi de France. 


« Pour le premier service, ils eurent des rôties aux foies de volailles que Quentin trouva insipides. Quant à la comminée de poule, elle baignait dans une sauce bien trop claire. Il ne toucha pas au pâté d’agneau, son voisin de droite s’étant plaint que trop de sel en gâtait le goût.
 Une fois n’était pas coutume, Quentin observait avec attention la table mise. Les nappes manquaient de fraîcheur. Dans les taches de vin et les traces grasses laissées par les doigts des convives, on pouvait y lire les festins précédents. Quand les écuyers-tranchants entrèrent en scène pour découper les viandes rôties, Quentin s’aperçut que les plats d’étain étaient bosselés. Ceux en argent destinés au service du roi manquaient singulièrement d’éclat. La nef, placée devant François, où étaient conservés le sel et ses couverts personnels, était si pauvre en ornements qu’il ressentit un profond sentiment de honte. Jetant un œil autour de lui, il vit les dressoirs en bois sombre qui devaient dater de Charles VIII, les bancs et les sièges qui n’avaient plus d’âge. Il était temps d’apporter un peu de nouveauté à ce fatras.  
On leur servit du bourbelier de sanglier, pas mauvais, certes, mais qui n’avait rien d’exceptionnel. Le civet de lièvre était acceptable, quoiqu’un peu trop épicé. Les petits oiseaux, grives et cailles, étaient presque calcinés. Quant aux hérons, il restait des plumes collées à la chair… Un désastre ! Comment avait-il pu laisser s’installer un tel laisser-aller ? Quoi qu’il ne fût pas responsable de ce souper, Quentin avait envie de rentrer sous terre. A peine osait-il regarder les convives de la table centrale. La reine Claude chipotait, ce qui n’avait rien d’étonnant vu son état. Marguerite avait laissé pratiquement toute la viande sur son tranchoir. Seul François mangeait avec entrain, mais après une journée de chasse, il aurait été capable de manger le cuir de ses chaussures. 
Quentin repensa à tout ce qu’il avait vu l’année précédente en Italie. A Milan, puis à Bologne où ils s’étaient rendus à l’invitation du pape, les banquets somptueux s’étaient succédé. Jamais il n’avait connu une telle variété de mets délicats, servis dans des assiettes individuelles, et non ces grossiers tranchoirs faits d’une planche de bois sur laquelle on posait un morceau de pain qui absorbait le jus des viandes. Les verres étaient d’une telle finesse qu’on osait à peine les prendre en main. 
Pour l’honneur du roi et de la France, il fallait s’employer à égaler, voire surpasser le savoir-faire des Italiens. Quentin se jura de jeter aux oubliettes les mauvaises pratiques, les objets obsolètes, les mets peu raffinés qui,  hélas, était e quotidien de la table du roi. Son prochain voyage pourrait être un premier pas dans son grand projet de rénovation. N’avait-il pas rencontré, à Bologne, un jeune cuisinier talentueux qui lui avait parlé avec fougue des nouvelles manières de cuisiner ? Il n’y avait guère prêté attention et cherchait à se rappeler le nom du jeune homme. Scappi, ou quelque chose comme ça. Et peu importait. Lui ou un autre, à condition qu’il ait des idées neuves, serait le bienvenu.»  [p. 49-50-51]
     Ce voyage en Italie qui de prime abord ne l’enchantait guère, va lui servir en fin de compte pour mener à bien son projet.
«Pourquoi ne pas faire une pierre deux coups, Ramener Léonard et quelques artistes des métiers de bouche… Ne disait-on pas le plus grand bien d’un certain Messibugo, maître d’hôtel à la cour de Ferrare ? A Mantoue, les fêtes d’Isabelle d’Este étaient somptueuses… Il le savait par le fils de la duchesse, Frédéric de Gonzague, en résidence surveillée en France. 
Il lui faudrait d’abord mettre la main sur Léonard, ce qui ne serait pas difficile, l’accompagner un bout sur le chemin de la France, et ensuite s’octroyer quelques détours en Italie. Il en profiterait aussi pour passer commande des dernières trouvailles italiennes en matière de décor de table. 
Tout à son plan, Quentin ne prêta aucune attention aux tourtes, crèmes et confitures qui clôturaient le souper.» [p. 51]
     Nous voici donc embarqués dans des aventures culinaires aussi délicieuses que dangereuses parfois ! Un régal !

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Pour en savoir plus :
Éditeur : Le Livre de Poche
ISBN: 9782253167259
336 pages
Date de parution: 27/02/2013
Éditeur d'origine: J C Lattès
Langue: Français

Prix TTC : 7.10 €