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mardi 3 novembre 2015

Le Prix Renaudot : Un peu d'histoire ...

"L'histoire est le récit des choses advenues. La gazette seulement le bruit qui en court."
Théophraste Renaudot
Source : prixrenaudot.org


Theophraste Renaudot :
un homme d'influence au temps de
Louis XIII et de la Fronde
Broché – 18 mars 1998
de Christian Bailly  (Auteur)
ISBN 2714419690
     Voici l'histoire de ce prix littéraire, racontée par un participant lui-même, Georges Charensol, "D'une rive à l'autre" paru au Mercure de France, 1973, (ISBN 2715209983). 



La création du prix Renaudot en 1926 racontée par l'un de ses fondateurs, Georges Charensol

« Depuis la fondation de l'Académie Goncourt, les Dix[1] déjeunaient le premier lundi de décembre et attribuaient leur prix au cours du repas. C'est dire que le lauréat était souvent proclamé assez tard car les délibérations des Goncourts ont toujours été tumultueuses, et leur histoire est jalonnée de départs fracassants et de protestations indignées.

Sitôt le résultat connu, nous autres, les informateurs littéraires, allions porter la nouvelle au journal avant de nous mettre à la recherche du lauréat. Ce qui n'était pas toujours facile, les éditeurs étant moins bien organisés qu'aujourd'hui. Nous écrivions ensuite notre article, si bien que nous devions renoncer à déjeuner.


Comme nous étions jeunes et dotés d'un solide appétit, en 1925 je proposai aux camarades attachés à la même galère de prendre ensemble notre repas ce jour-là à onze heures dans un petit restaurant voisin de Drouant, à la Fontaine Gaillon.


Ils acceptèrent d'enthousiasme et Gaston Picard s'écria “ Pourquoi ne décernerions-nous pas un prix nous aussi ? ” L'idée me parut excellente : “ Un prix de journalistes, dis-je, auquel nous donnerions le nom de Théophraste Renaudot, le premier journaliste.”


Quelques jours plus tard nous nous réunissions chez Raoul pour constituer un jury de dix membres. Nos statuts seraient calqués sur ceux des Goncourts, donc inutile de les déclarer et d'élire un président. C'est ainsi que, dans l'illégalité la plus totale, le prix Renaudot est attribué depuis près d'un demi-siècle.


Les premiers membres furent Raymond de Nys de l'Intransigeant, plein de finesse, toujours souriant, Pierre Demartres du Matin, connu pour ses grands reportages comme Georges Le Fèvre du Journal. Mais ni l'un ni l'autre ne dédaignaient la petite information car nous étions tous des vrais journalistes et nous ne nous prenions pas au sérieux. Il y avait encore Noël Sabord de Paris-Midi, un homme de grande culture, Marcel Espiau qui s'était signalé par une farce assez joyeuse. Copain avec un maître d'hôtel de Drouant il avait obtenu de l'aider à servir le repas des Goncourts. Si bien qu'il put assister au début de leurs délibérations alors tout à fait secrètes. Pénétrer dans leur salle à manger, comme le font aujourd'hui reporters et photographes, eût paru aux frères Rosny, à Léon Hennique ou à Léon Daudet un crime de lèse-majesté. Mais Espiau fut reconnu, rapidement chassé et il raconta avec esprit son aventure dans l'Éclair. La présence d'une femme nous parut indispensable et nous fûmes heureux d'accueillir Odette Pannetier, célèbre pour ses articles au vitriol de Candide. Georges Martin du Petit Journal, Gaston Picard de la Renaissance et le dessinateur Henri Guilac du Canard enchaîné, qui donnait aux Nouvelles littéraires de pittoresques bandes dessinées, complétèrent le jury.


Je ne dis pas que, dans notre esprit, il n'y avait pas un peu de malice et l'arrière-pensée de rectifier les votes des Goncourts que nous approuvions rarement, mais nous nous gardâmes de le proclamer et nos relations avec nos aînés furent si bonnes qu'une fois Lucien Descaves, provisoirement brouillé avec ses collègues, vint présider notre déjeuner.


Le premier eut lieu en décembre 1926. Quand vint le moment du vote Odette Pannetier, dans cet esprit de canular qui nous animait, suggéra le nom d'Anatole de Monzie alors ministre de l'Éducation nationale. D'autres propositions du même genre ne nous parurent pas plus astucieuses. Si bien qu'une majorité se dégagea pour donner un coup de projecteur sur un inconnu. C'est ainsi que fut choisi le savoureux Nicolo Pecavi ou l'Affaire Dreyfus à Carpentras, premier roman d'un jeune professeur au lycée de Monaco, Armand Lunel.


Notre initiative eut un retentissement qui nous surprit…  »



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Le lauréat du jury 2015 : Delphine de Vigan "D'après une histoire vraie" (Ed. JC.Lattès)




la page du livre sur le site JC LATTES : http://www.editions-jclattes.fr/le-phenomene-delphine-de-vigan

pour en savoir plus : 
le site officiel du Prix renaudot : http://prixrenaudot.free.fr/historique.htm
(site qui n'est pas à jour !) d'autres prix et livres référencés sur le site 


  • le Renaudot catégorie Essais : Le lauréat du jury 2015 est Didier Blonde pour son livre sur cette femme, dont il vit juste une photo sur une tombe, avec une seule date. Enquête littéraire, "Leïlah Mahi 1932" est aussi une réflexion sensible sur la perte et l'inépulsable pouvoir de fascination des images.
la page du livre sur le site de Gallimard :  http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/Leilah-Mahi-1932

  • le Renaudot catégorie Livre de poche : Le lauréat du jury 2015 est Vénus Khoury-Ghata pour son roman "La Fiancée était à dos d'âne" (Folio pour l'édition de poche et Mercure de France pour le grand format). 
la page du livre sur le site de Gallimard : 
http://www.folio-lesite.fr/Catalogue/Folio/Folio/La-fiancee-etait-a-dos-d-ane

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Les Prix littéraires 2015 ...  à suivre.

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