Par l’ambiance de cette scène d’enterrement : la température au moins 40° C ; par les teintes chaudes du décor, des personnages hauts en couleur aussi !
« Soleil blanc, poussière rouge. » ... [p. 9]
"Lontano" Jean-Christophe Grangé Ed. Albin Michel |
Le père est le premier flic de France.
Le fils aîné bosse à la Crime. Le cadet règne sur les marchés financiers.
La petite sœur tapine dans les palaces. Chez les Morvan, la haine fait office de ciment familial. Pourtant, quand l’Homme-Clou, le tueur mythique des années 70, resurgit des limbes africaines, le clan doit se tenir les coudes.
Sur fond d’intrigues financières, de trafics miniers, de magie yombé et de barbouzeries sinistres, les Morvan vont affronter un assassin hors norme, qui défie les lois du temps et de l’espace. Ils vont surtout faire face à bien pire : leurs propres démons. Les Atrides réglaient leurs comptes dans un bain de sang. Les Morvan enfouissent leurs morts sous les ors de la République.
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En Bref :
Erwan Morvan se trouve avec son père Grégoire, au Congo Kinshasa, aux funérailles du général Philippe Sese Nseko. Une vieille connaissance de son père, un baroudeur ! Un grand flic aussi, à l’époque l’un n’empêchait pas l’autre. La famille Morvan œuvrait à Lubumbashi, capitale de la province du Katanga. « Erwan n’écoutait plus. Depuis son arrivée, il ressentait. Odeurs, couleurs, chaleur. Il avait atterri à Kinshasa la veille, à cinq heures du matin. En descendant de l’avion, il avait découvert les tons de plomb fondu et les odeurs de décomposition de l’aube... Jadis surnommée la Belle, Kinshasa ressemblait aujourd’hui à une gigantesque poubelle renversée, où grouillait une fourmilière de têtes noires et de boubous de couleur vive. » [p. 11]Curieusement, à peine rentrés à Paris, une affaire, un bizutage dans une caserne en Bretagne qui tourne mal, un jeune recrue se retrouve tiré par un missile, alors qu’il semblait se cacher dans une construction fortifiée de la guerre, sur une île interdite «zone militaire » va les faire tourner cette enquête autour de l’Afrique.
En Bref :
Erwan Morvan, inspecteur à la Crim, découvre de l’Afrique. Celle de son père dans les années 70. Il ne peut faire autrement que de parler de sa famille, par la même occasion. Grégoire Morvan, le père, dans la digne tradition du patriarche autoritaire. Ayant vécu et participé même aux événements de 1968. Un peu dans tous les partis en même temps, le père avait dû s’exiler en Afrique pour se faire oublier.
« Le Ricard. Quand la France allait basculer aux mains des gauchistes, Pasqua et sa clique du SAC ont organisé une manifestation en faveur de De Gaulle. Ca, tout le monde le sait. Deux cent mille mecs sur les Champs-Elysées et une révolution tuée dans l’œuf, une ! Ce qu’on sait moins, c’est que pour rameuter des manifestants des quatre coins de la France, le Corse a activé ses réseaux Ricard. A l’époque, il était représentant de la marque. Tous les commerciaux s’y sont mis et ont affrété des cars. A leur arrivée à Paris, les militants avaient droit à une tournée gratis, une tranche de saucisson, et en voiture Simone ! (Il trinqua à la santé des souvenirs.) En France, que pouvait Mao contre le pastis ? » [p. 15]
Maggie la mère des enfants, vivant en Afrique quand elle a connu Grégoire, la femme soumise battue, autrefois elle était un peu hippie. Les enfants ... Ah ! Chacun avec ses problèmes, pourtant il les aime, et ferait tout pour les protéger. Depuis il avait fait son chemin, dans les services de l’Etat, officiels et officieux. Les parents, sont maintenant rangés dans la catégorie bourgeoisie à l’aise, appartement avenue de Messine, dans les beaux quartiers. Le traditionnel déjeuner de famille le dimanche...
« Il observa les convives : le clan au grand complet. Gaëlle, la benjamine, vingt-neuf ans, absorbée dans ses SMS. Loïc, le cadet, trente-six ans, sommeillant au-dessus de son assiette. En bout de table, ses enfants, Milla et Lorenzo, cinq et sept ans, sages et silencieux. La chaise vide était celle de Maggie, qui continuait à servir la tribu avec dévotion.
L’illusion était parfaite : une respectable famille bourgeoise, réunie comme chaque dimanche. Les coulisses étaient moins reluisantes. Loïc, ancien alcoolique, aujourd’hui financier millionnaire, était accro à la coke et cherchait son salut dans le bouddhisme. Gaëlle voulait faire du cinéma et couchait à droite à gauche pour « faire avancer sa carrière ». Quand à Maggie, ex-hippie et mère obsessionnelle, elle avait passé sa vie à encaisser les coups de son mari, sans jamais se plaindre ni se résoudre à divorcer. » [p. 20]dErwan, est appelé dans le bureau par le père, il doit lui confier une mission. Il lui faut partir dès l’aube le lendemain, pour la Bretagne, la base Kaeverec 76 pour une affaire sensible. En haut lieu, on veut quelqu’un de confiance pour enquêter.
« Un bizutage qui tourne mal. Un Rafale qui descend une bleusaille. L’intérieur et la Défense veulent une enquête objective, menée par la Crime. Pas question qu’on soupçonne de mettre l’étouffoir » [p. 24]L’occasion de revoir un lieu où il passa une grande partie de son enfance. Que va-t-il retrouver ? Quelle déception plus rien ne ressemble à ses souvenirs sur la route. Il lui faut arriver au camp militaire, dans le Finistère, pour reconnaître l’ambiance de la mer.
« Kripo braqua et d’un coup, la mer jaillit : un bouillonnement noir aux franges grises se mêlant au ciel sombre dans une soudure de rocailles. La vraie Bretagne, enfin, apparut. Des falaises vert et blanc, creusées à la verticale, évoquant des animaux monstrueux au pelage phosphorescent, ouvrant des gueules pour s’abreuver à la source du monde.» |p. 94]Sur place, qu’est-ce qui l’attendait, pas bon d’avoir en même temps, la police criminelle : le 36, quai des orfèvres, la Gendarmerie, la police locale, et l’armée, qui n’est pas réputée pour s’ouvrir facilement :
« Selon Movan, les Bretons coopéreraient et l’enquête serait bouclée en deux jours. Tu parles. Les militaires de l’aéronavale seraient sans doute fermés comme des huîtres, les gendarmes le regarderaient comme un rival et le proc ouvrirait son parapluie à la moindre découverte. » [p. 51]
Voilà pour situer l'affaire, vous voulez savoir ce que cette histoire raconte, maintenant, je ne parlerai plus, même pas en présence de mon avocat. La seule solution, vous armer de patience et lire ce livre.
Mon avis :
Une belle découverte que ce pavé de J.C. Grangé, 777 pages qui vont vous faire voyager en France, la Bretagne, chez les pompons rouges, nos pilotes de Mirage aussi, à bord du Charles De Gaulle. Mais aussi en Afrique à Kinshasa et dans les provinces du Katanga. Car il faudra remonter à l’époque de la France-Afrique. Même si c’étaient les Belges qui occupaient les lieux. D’ailleurs une vieille affaires de Morvan père, amènera son fils Morvan Erwan jusqu’en Belgique, en Suisse aussi. Sans parler évidement à Paris au 36 Quai des Orfèvres. Un bon conseil cherchez des cartes IGN, pour suivre les itinéraires.
Belle lecture pour passer de longues journées d’hiver en perspective, bien au chaud, à l’abri ! Juste une impression, après avoir fermé la dernière page, aurons-nous un nouvel opus, une suite à cette histoire ?
illustration : Nkisi nkondi. National Museum van Wereldculturen Coll.no. RV-497-89
photo d'auteur : Richard Dumas/VU - DESIGNNARCISSE
Le site du livre chez l’Éditeur : http://www.albin-michel.fr/Lontano-EAN=9782226318169
En savoir plus sur Jean-Christophe Grangé : www.jc-grange.com
Éditeur : Albin Michel
ISBN : 9782226318169
Date de parution : 9 septembre 2015
Format : 225 mm x 155 mm
784 pages
Prix : 24.90 €
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